En croisant les données de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et d’autres organismes, le dernier rapport “Drogues et Addictions” de 2025 dresse un état des lieux assez précis des comportements à risque des Françaises et Français, notamment en ce qui concerne le tabagisme, continuellement en baisse depuis ces dernières années.
Une très bonne nouvelle donc, et qui n’est pas sans lien avec la montée d’une alternative moins risquée : le vapotage.
De quoi mettre une fois encore les défenseurs de la théorie de l’effet passerelle face à la réalité : vapoter ne conduit pas à fumer. Mais bien à arrêter de fumer.
Tabagisme, drogues… les chiffres clés de l’addiction en France
Chaque année, depuis 2017, les données officielles ne cessent de faire état d’un recul du tabagisme en France.
D’après le dernier Baromètre de Santé publique France, établi sur l’année 2023 [1], le pays compte désormais 23,1 % de fumeurs quotidiens parmi les adultes, contre 25,3 % en 2021 et 26,9 % en 2017.
Les fumeurs occasionnels sont à peine moins nombreux également (31,1 % d’usage dans l’année, contre 31,9 % en 2021 et 2017). Et cela vaut aussi pour la consommation d’alcool, en baisse de 2,5 % par rapport à 2021.
En revanche, la consommation de cannabis reste relativement la même depuis 2014. Et, depuis 2021, on assiste à une montée en flèche des autres drogues illicites, telles que la cocaïne, l’ecstasy/MDMA, les champignons hallucinogènes ou encore le LSD, les amphétamines, l’héroïne et le crack.
L’importance de la réduction des risques
Face à ces nouvelles données, un constat s’impose : la France reste fortement marquée par les mêmes dangereuses addictions, année après année.
Comme indiqué dans le rapport “Drogues et Addictions” de 2025 [2], qui tire sa source de l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques), des 27 pays membres de l’Union européenne (+ la Turquie et la Norvège), la France reste dans le top 3 des pays comptant le plus de consommateurs de cigarettes, et de cannabis.
Et bien qu’elle se refuse à l’admettre, elle bénéficie pourtant déjà de l’aide d’un outil non reconnu, qui atténue son catastrophique bilan : la cigarette électronique.
En effet, parallèlement à la diminution du tabagisme, le vapotage continue d’augmenter, et a même doublé depuis 2017, année de démocratisation de la cigarette électronique en France. À l’époque, le pays comptait un peu moins de 3 % de vapoteurs quotidiens. En 2023, il en comptait alors 6,1 %.
Difficile, aussi, de ne pas y voir une juste relation de cause à effet : plus le vapotage augmente, plus le tabagisme baisse. Auprès des fumeurs adultes, cette solution d’arrêt du tabac et de réduction des risques fonctionne.
Et son efficacité se confirme encore lorsque l’on observe les courbes du tabagisme et du vapotage chez les jeunes…
De moins en moins d’addictions chez les jeunes
L’enquête ESCAPAD 2022 l’avait déjà démontré. Entre 2017 et 2022, les comportements à risque des jeunes de 17 ans ont évolué… à la baisse. Chaque année, ces adolescents se désintéressent un peu plus de l’alcool, de la cigarette et du cannabis.
- En 2017, 8,4 % des jeunes de 17 ans buvaient régulièrement de l’alcool, contre 7,2 % en 2022 ;
- En 2017, 7,2 % des jeunes de 17 ans consommaient régulièrement du cannabis, contre 3,8 % en 2022 ;
- En 2017, 25,1 % des jeunes de 17 ans étaient des fumeurs quotidiens de cigarettes, contre 15,6 % en 2022.
Et il serait faux de penser que ce dernier résultat est sans lien avec la e-cigarette.
Car l’année qui marque un tournant dans la consommation de cigarettes chez les jeunes correspond précisément à celle qui marque une augmentation du vapotage chez ces jeunes. Depuis 2017, on le voit bien : plus ils expérimentent la vape, moins ils expérimentent la cigarette. Et plus ils vapotent, moins ils fument.
Pas d’effet passerelle
Voilà qui nous amène donc à ce second constat : vapoter empêche bel et bien de fumer.
Si la théorie de l’effet passerelle, qui veut que le vapotage mène au tabagisme, existait réellement, les courbes d’expérimentation et de consommation quotidienne ou régulière du tabagisme devraient augmenter à mesure qu’augmente le vapotage. Or, il n’en est rien.
Bien au contraire, comme on l’observe ici, les courbes se croisent et leur direction s’oppose. Comme l’affirmaient déjà bon nombre de chercheurs, dont le Professeur Bertrand Dautzenberg en octobre 2023 :
« Non la vape n’est pas une porte d’entrée (Gateway) à la cigarette chez l’ado […] La vape apparait avant tout comme un distracteur de la cigarette »
L’essentiel à retenir
Pour résumer, cette dixième édition du rapport “Drogues et Addictions, les chiffres clés”, édité par l’OFDT, nous permet d’entrevoir plus clairement encore les problématiques qui entourent la lutte contre les addictions en France.
En refusant de reconnaitre l’importance du vapotage en France, et les solutions qu’il est en mesure d’apporter à tout fumeur, le gouvernement français ralentit de fait sa progression dans la lutte antitabagique.
S’il exploitait tout le potentiel de la vape, en lançant de véritables campagnes d’information et de prévention, en l’intégrant aux outils d’arrêt du tabac recommandés durant le Mois Sans Tabac et en cessant de ne vouloir voir qu’en elle un dangereux produit d’incitation à la consommation chez les jeunes, il obtiendrait enfin les résultats qu’il souhaite tant. Comme le Royaume-Uni avant lui, et la Suède encore avant eux !
Notes
[1] Prévalence du tabagisme en France hexagonale en 2023 parmi les 18-75 ans, Santé publique France, 11 décembre 2024 : version PDF téléchargeable
[2] Drogues et Addictions, Chiffres clés, Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) : version PDF téléchargeable