La loi est entrée en vigueur le 1er avril 2025 en Belgique : tous les magasins sont désormais contraints de retirer les produits du tabac et du vapotage de leurs étals. Les produits restent en vente, mais ne peuvent plus être visibles par les clients.
Zoom sur cette mesure inédite qui, à défaut d’être pertinente, est pour le moins étonnante.
Hors de ma vue !
Tel est le credo de la nouvelle réglementation de 2025 en Belgique.
Bureaux de tabac, boutiques spécialisées, petits supermarchés, stations-service… tous les points de vente doivent désormais dissimuler leurs produits du tabac et du vapotage à leur clientèle. Et les magasins alimentaires de plus de 400 m² ont l’interdiction stricte de vendre ces produits [1]. Par mesure de protection de la jeunesse.
Ainsi, depuis le 1er avril 2025, les clients n’ont à leur disposition qu’une simple liste normalisée de produits, indiquant le nom, la marque ou encore le prix.
Pour les produits du vapotage, cela signifie : pas de prise en main possible, d’analyse du produit, de visibilité sur sa couleur, ses caractéristiques… et encore moins de tutoriels pratiques.
Entre culpabilisation et restriction d’informations
Plutôt que d’informer sa population par des campagnes de prévention, de sensibilisation et d’éducation, la Belgique a choisi l’exact parti pris inverse.
Avec cette loi dite du display ban (interdiction d’affichage), le gouvernement belge expédie dans l’ombre, à la fois le problème, mais aussi l’une de ses solutions.
Comme si cacher le problème revenait à dire qu’il n’existait pas. Alors que le pays compte tout de même toujours plus de 20 % de fumeurs quotidiens.
Et plus grave encore, comme si cacher l’une de ses alternatives, infiniment moins risquée qui plus est, allait améliorer de quelque façon que ce soit la situation tabagique du pays.
En Belgique, tabac fumé et vapotage dans le même panier
Penser prévenir la tentation de fumer chez un jeune est une chose. Empêcher les adultes de se détourner de la cigarette via une méthode efficace et bien moins risquée en est une autre.
Mais la Belgique le confirme par ses multiples mesures d’interdiction. Pour elle, tabagisme ou vapotage, c’est du pareil au même. Aussi, après avoir interdit la vente en ligne, banni les cigarettes électroniques jetables “puffs” et taxé les produits du vapotage, elle s’attaque carrément à la visibilité des produits elle-même.
Dans ce contexte, comment accompagner efficacement un fumeur sur le chemin de la réduction des risques ? Comment lui procurer les bons conseils pratiques d’utilisation ? Comment empêcher tout mésusage ? Et surtout, comment lutter contre la désinformation face à cet amalgame flagrant, qui renvoie sans cesse le vapotage aux dangers du tabac fumé ?
Les plus éminents experts en addictologie, tabacologie et réduction des risques ont déjà alerté sur ce point [2]. Pour lutter efficacement contre le tabagisme, chaque action doit s’accompagner d’une stratégie d’ouverture et de transition vers les produits sans combustion.
Choisir son matériel, trouver son e-liquide et obtenir des conseils pratiques sont des étapes cruciales pour un fumeur. Elles font partie intégrante du processus d’arrêt de la cigarette et de la réussite du sevrage.
Leur interdire cela, c’est leur interdire le droit d’arrêter de fumer avec l’outil de leur choix. Un outil qui réduit les risques de 95 % au moins. Et qui demeure l’un des plus efficaces à ce jour d’après l’éminent institut de recherche britannique Cochrane [3].
Notes
[1] Des règles renforcées pour la vente de tabac, Communiqué de Belgique, 27 mars 2025
[2] Voir les témoignages du professeur William Lowenstein, de la tabacologue Marion Adler ou encore du professeur Bertrand Dautzenberg
👉 Plus d’information et d’expertise à ce sujet dans les trois documentaires Tais-toi et fume !
[3] Lire les conclusions de l’institut de recherche britannique Cochrane sur l’efficacité du vapotage