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Cigarette électronique : l’avis du Dr. Cutarella, psychiatre spécialisé en addictologie et tabacologie

De l’avis du Docteur Christophe Cutarella, psychiatre, addictologue et tabacologue, la cigarette électronique fait partie intégrante de ce panel d’outils d’aide à l’arrêt du tabac qu’il convient de proposer aux fumeurs. Il nous explique pourquoi et comment il l’utilise auprès de ses patients pour les accompagner efficacement dans leur sevrage. Notamment à travers les CSAPA, ces Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie.

Rencontre avec ce spécialiste des addictions.

Le Docteur Christophe Cutarella

Issu de la Psychiatrie Générale, le Docteur Christophe Cutarella s’est ensuite spécialisé en addictologie après sa thèse. Depuis presque 15 ans maintenant, il exerce en tant que psychiatre expert en questions d’addictologie, et plus précisément d’alcoologie et de tabacologie.

En plus de traiter l’addiction physique, à la nicotine notamment, le Dr Cutarella redonne également toute sa place à la dépendance psychique ou psychologique dans le parcours de soin d’un fumeur en sevrage.

« Dans la dépendance tabagique, il n’y a pas que l’addiction physique, il y a aussi l’addiction psychique, comportementale. Combiner addictologie et psychiatrie me permet d’aller au fond des choses avec mes patients. De traiter une pathologie qui n’a jamais été décelée par exemple, ou de pouvoir intervenir sur des problématiques qui peuvent survenir à l’arrêt du tabac, comme la dépression ou l’anxiété », nous confie le tabacologue lors de notre entretien du lundi 9 décembre 2024 *

Dans ce cadre, il ne se refuse jamais à conseiller la e-cigarette à ses patients. Et il le remarque bien : en plus de jouer parfaitement son rôle d’agoniste des récepteurs nicotiniques, la vape est un très bon moyen pour supprimer plus facilement la cigarette chez certains de ses patients.


* L’intégralité de notre entretien vidéo avec le Docteur Christophe Cutarella est à retrouver en fin d’article !


L’avis d’un tabacologue expert sur la cigarette électronique

Si l’on peut avoir tendance à penser que les addictologues sont les premiers à s’inscrire dans une philosophie hygiéniste, il n’en est rien. Comme le professeur William Lowenstein, le docteur Philippe Arvers et bien d’autres, le docteur Christophe Cutarella est loin d’adhérer à cette devise du “zéro risque”. Parfaitement utopique sur le terrain.

À l’abstention, ce psychiatre bien au fait des effets de la dépendance à la nicotine sur le cerveau d’un fumeur répond réduction des risques. La seule stratégie à montrer des preuves d’efficacité sur les fumeurs.

Patchs, pastilles, gommes ou encore vapoteuses et sachets de nicotine “pouches”… le médecin considère toutes les options qui s’offrent aux fumeurs, y compris les produits alternatifs nicotinés donc. Autrement dit, tout ce qui ne requiert pas la combustion. Car c’est bien elle le véritable ennemi, rappelle-t-il.

« Le tabagisme, c’est 75 000 morts par an. Et les risques sont là, peu importe le degré de consommation. On sait qu’une cigarette par jour tous les jours c’est très nocif, parce que ce qui compte c’est la durée et non la quantité pour le risque oncologique. Après pour le risque cardiaque, cardiovasculaire, c’est plutôt la quantité qui compte », explique le docteur Cutarella.

C’est bien pour cela qu’il faut encourager les fumeurs à vapoter, ajoute-t-il, parce qu’on ne retrouve pas tous ces risques dans la vapeur de e-cigarette. Rappelons que, selon les rapports officiels britanniques, qui font foi à ce jour, la vape est considérée – à minima – 95 % moins nocive que le tabagisme.


Promouvoir le vapotage chez les fumeurs


Dans sa pratique de professionnel de terrain, le Dr Christophe Cutarella est ainsi un fervent partisan de la réduction des risques. Pour lui, il est donc primordial que des moyens aussi pertinents que le vapotage soient promus auprès des fumeurs adultes, comme le font le Royaume-Uni ou la Suède par exemple.

« En me rendant notamment au Congrès international de la e-cigarette à Londres, le 5 décembre dernier, je me suis rendu compte de l’énorme retard qu’a pris notre pays dans la lutte antitabagique. Face à nos 27 % de prévalence tabagique, le Royaume-Uni, la Suède, eux, avancent », déplore le docteur Cutarella.

C’est pourquoi, dans le Centre de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) dans lequel il intervient, cet addictologue est heureux de voir s’appliquer l’une des grandes mesures britanniques — une première en France : un service dédié à l’accompagnement à l’arrêt du tabac par la vape, avec distribution de kits de démarrage gratuits aux adultes fumeurs, et suivi personnalisé.

« Dans ce CSAPA, on a développé un accompagnement spécifique pour les personnes fumeuses. Par le biais de l’association Addictions France, on a mis en place un partenariat avec La Vape Du Cœur. Aussi, après avoir vu notre infirmière et travailleuse sociale formées à la réduction des risques et avoir passé différents tests (celui de Fagerström, du CO test…), le fumeur reçoit un kit de démarrage de vape adapté à ses besoins, avec e-liquide et accompagnement personnalisé », explique le docteur Cutarella.

Et les résultats sont là.


Protéger les non-fumeurs de l’addiction


Pour autant, pointe le médecin, il ne faut pas voir dans ce message de réduction des risques une invitation adressée à tous, sans distinction. Si vapoter est toujours mieux que de fumer, cela s’applique uniquement aux personnes déjà fumeuses, rappelle-t-il très justement.

C’est pourquoi la prévention et l’information autour de la pratique du vapotage sont aussi importantes d’après lui. Il s’agit de trouver, comme s’essaye le gouvernement britannique, un juste milieu entre promouvoir une pratique moins risquée qui permettrait aux fumeurs de se sortir du tabagisme, et éviter que des non-fumeurs ne soient tentés par l’expérience, alors même qu’ils n’auraient jamais touché une cigarette.

Un exercice compliqué, certes, mais qui ne nécessite pas forcément d’en passer par une multiplication des interdictions et des restrictions pour fonctionner, confirme le docteur Cutarella. Au contraire, ces mesures ont depuis longtemps montré leurs limites dans la lutte antitabagique française.

« Le rapport COP montre qu’on a plus de 130 milliards de coûts générés par le tabagisme. Les taxes ne parviennent même pas à couvrir plus d’un dixième du montant. Si on veut avancer dans la lutte antitabagique, on doit complètement changer de mentalité. On met des restrictions et ça ne marche pas… », explique le docteur Cutarella.

Pourquoi ne pas essayer la réduction des risques alors, qui fonctionne ailleurs ?

Notre entrevue complète avec le Dr Cutarella en vidéo

Lundi 9 décembre 2024, le collectif JeSuisVapoteur a reçu le Docteur Christophe Cutarella pour discuter vape, réduction des risques et stratégies antitabac.

Merci à lui pour son temps et ses réponses claires et constructives !

 

Mis à jour le 11.12.2024
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