On le sait, le tabac abîme le cœur. Ce que l’on ignorait, et que vient de révéler une étude présentée au Congrès de la Société Européenne de Cardiologie à Barcelone ce 25 août dernier, est le lien entre le degré de tabagisme et la dégradation de la fonction cardiaque. Comprenez, plus les fumeurs abusent du tabac, plus leur cœur se dégrade. Encore une bonne raison d’arrêter la cigarette…
Les données de l’étude sur le tabagisme et le cœur
Pour l’auteure de l’étude, le Dr Eva Holt, de l’hôpital Herlev et Gentofte, à Copenhague au Danemark, les méfaits du tabac sur le cœur ne sont plus à démontrer ; «il est bien connu que le tabagisme provoque l’obstruction des artères, ce qui entraîne des maladies coronariennes et des accidents vasculaires cérébraux”.
L’enjeu de l’étude menée par le Dr Holt est donc de préciser ces informations, autrement dit de déterminer le lien entre le tabagisme et la santé cardiaque ainsi que les effets d’un changement des habitudes tabagiques. Pour ce faire, les scientifiques ont pris en compte les données d’une étude sur le cœur de la ville de Copenhague, qui portait sur les facteurs de risque et les maladies cardiovasculaires de la population. Ont ainsi été étudiés 3 874 participants, d’un âge moyen de 56 ans et ne souffrant d’aucune pathologie cardiaque. L’étude de leur passé tabagique et une échographie du cœur ont permis aux chercheurs de collecter les informations nécessaires révélant la structure et le plus ou moins bon fonctionnement de ce dernier.
Les chercheurs se sont enfin attachés à comparer les données des examens des fumeurs à celles des non-fumeurs, en fonction de critères tels que l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle, l’hypertension, l’hypercholestérolémie, le diabète et la fonction pulmonaire.
Le cœur mis à rude épreuve
“Notre étude montre que le tabagisme entraîne un cœur plus épais et plus faible. Cela signifie que les fumeurs ont un plus petit volume de sang dans la chambre cardiaque gauche et moins de puissance pour le pomper vers le reste du corps. Plus vous fumez, plus votre fonction cardiaque se dégrade”, déclare le Dr Eva Holt. Des conclusions qui appuient les chiffres de l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé, qui affirme que le tabac tue plus de huit millions de personnes chaque année. Responsable de 50 % de tous les décès évitables chez les fumeurs, le tabac est ainsi, entre autres peines, délétère pour les artères. Accidents vasculaires et crises cardiaques en têtes de liste des pathologies. Sans compter les risques d’insuffisance cardiaque. Et pour cause : lorsque le cœur, trop faible ou trop rigide, ne pompe pas correctement le sang dans le corps aussi bien qu’il le devrait, l’organisme ne bénéficie plus de l’oxygène et des nutriments nécessaires à son bon fonctionnement.
Les conclusions
À la fois plus faible, épais et lourd, le cœur des fumeurs fonctionne moins bien et est davantage abimé que le cœur d’une personne n’ayant jamais fumé. Et plus le tabagisme est important, moins le cœur ne pompe le sang. Le Dr Holt est formelle : “Nous avons constaté que le tabagisme actuel et l’accumulation de paquets-années étaient associés à une détérioration de la structure et de la fonction de la chambre cardiaque gauche – la partie la plus importante du cœur. En outre, nous avons constaté que sur une période de 10 ans, les personnes qui ont continué à fumer ont développé un cœur… moins capable de pomper le sang, par rapport aux personnes qui n’ont jamais fumé et à celles qui ont arrêté de fumer pendant cette période.”
Un espoir malgré tout
Le Dr Holt conclut que “ le tabagisme n’endommage pas seulement les vaisseaux sanguins, mais qu’il nuit aussi directement au cœur. La bonne nouvelle, c’est que certains de ces dommages sont réversibles si l’on arrête de fumer.” Une lueur d’espoir pointe donc à l’horizon : l’arrêt du tabac permet, dans une certaine mesure, à une partie de la fonction cardiaque de se restaurer et de se rétablir. Il n’est donc jamais trop tard pour arrêter !
