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Guide pour sortir de la fumée 2024 : la vape au cœur des recommandations des professionnels normands

La seconde édition du Guide pour sortir de la fumée, partage d’expériences est disponible sur federationaddiction.fr depuis fin novembre 2024. Réalisé par l’Union régionale Normandie de la Fédération Addiction et le Dispositif d’appui à la politique Addiction (DAPA), le projet est porté par Promotion santé Normandie et soutenu par l’Agence Régionale de Santé Normandie.

Se voulant au service des professionnels de santé, du social et du médico-social, ce guide vise à fournir un cadre clair pour promouvoir une utilisation raisonnée et efficace de la vape comme outil de réduction des risques et d’aide au sevrage tabagique.

Version actualisée du guide de 2021, intégrant les dernières études en date, cette nouvelle édition 2024 en témoigne : “les données s’accumulent pour conforter l’idée d’un rapport bénéfice/risque en faveur de la vape”.

Tour d’horizon.

Objectif et méthodologie

Le Guide pour sortir de la fumée est un guide pratique d’accompagnement vers la vape, rédigé par un groupe pluridisciplinaire de professionnels normands. Parmi lesquels : un médecin tabacologue, des infirmiers prescripteurs de traitements de substitution nicotinique (TSN), un psychiatre, des éducateurs spécialisés, mais aussi un psychologue et plusieurs chefs de service.

Tous sont des professionnels de terrain évoluant au quotidien au contact de fumeurs. Et tous développent, depuis plusieurs années maintenant, des solutions d’arrêt du tabac fumé au moyen de la vape. Ce, dans différentes structures spécialisées : CSAPA *, CAARUD **, consultations de tabacologie, unité psychiatrique spécialisée en addictologie…

Leur objectif ici ? Le même qui les avait conduit à élaborer la première version du Guide pour sortir de la fumée, en 2021 :

« Les objectifs que nous avons poursuivis dans la rédaction de ce guide sont identiques à la version précédente : sensibiliser les professionnels travaillant de près ou de loin auprès de publics présentant des troubles de l’usage, à l’importance de posséder des connaissances de base sur l’utilisation de la vape […]
La formation des professionnels concernés par le tabac à ces outils, qu’ils utilisent ou non dans leur accompagnement, nous semble, (comme à bien d’autres acteurs) essentielle afin d’éviter de participer à la désinformation » – Guide 2024, page 04

Autrement dit, partager leur expertise et leur expérience afin d’aider les professionnels à mieux comprendre la vape et ses usages. Et ainsi, leur permettre d’éviter de participer malgré eux à la propagation de fausses informations.


* Un CSAPA est un Centre de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie. Ses missions ? Accueillir, informer et prendre en charge des patients présentant une consommation à risque, un usage nocif ou une dépendance.

** Un CAARUD est un Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues. Il s’adresse tout particulièrement aux usagers les plus marginalisés.


Méthodologie


De 2021, année de parution du premier guide, à 2024, bien des études sur la vape ont vu le jour.

On pense notamment à la fameuse méta-analyse Cochrane sur l’efficacité du vapotage dans le sevrage tabagique. Mais également aux rapports annuels produits par l’agence de santé britannique depuis 2015 [1], qui confirment la moindre dangerosité de la vape en comparaison au tabac fumé. Soit que le vapotage est à minima 95 % moins nocif que le tabagisme.

Face à cette évolution des connaissances scientifiques, les professionnels normands ont donc souhaité procéder à une mise à jour du guide.

De septembre 2023 à avril 2024, de nouvelles réunions de travail ont ainsi eu lieu pour élaborer la deuxième édition du Guide pour sortir de la fumée.

En résultent 84 pages d’explications et d’analyses poussées sur l’outil, son mode de fonctionnement et ses bénéfices en tant qu’outil de réduction des risques et d’aide à l’arrêt tabagique.


[1] E-cigarettes: an evidence update, Public Health England, Août 2015. À retrouver en intégralité sur le site officiel du gouvernement britannique, ainsi que les rapports annuels suivants.

Guide pour sortir de la fumée 2024 : les principaux points à retenir

Relativement complet, le Guide pour sortir de la fumée (2024) est scindé en pas moins de 11 parties, comprenant ressources, annexes et glossaire.

Pour vous en résumer l’essentiel, nous avons choisi de vous présenter 7 points qui nous sont apparus comme primordiaux à la lecture de ce guide. Nous ne saurions toutefois que conseiller à toute personne intéressée de lire en détail ce formidable guide pratique, riche en informations et en conseils pratiques.

👉 La version intégrale est à télécharger sur le site de Fédération Addiction.


1. Fumée et vapeur impliquent chacune un aérosol bien différent


Premier rappel – et non des moindres – de ce guide : vapoter n’est pas fumer. Entre la vapeur d’une e-cigarette et la fumée d’une cigarette, on a là deux aérosols bien différents.

En effet, on sait désormais bien d’où provient la nocivité de la fumée du tabac : de la combustion. Une fois allumée, une cigarette libère de nombreuses particules solides, entre autres goudrons et monoxyde de carbone, toutes toxiques pour la santé.

Et la dangerosité de l’exposition ne s’arrête pas au fumeur qui inhale sa fumée. À cette exposition primaire (active), s’ajoute celle de son entourage proche (dite “secondaire” ou “passive”), mais aussi une troisième (dite “tertiaire”) :

« [La] fumée qui reste piégée dans les cheveux, la peau, les tissus, le plancher, … Celle-ci peut mettre des années à disparaître. Ce n’est pas parce que l’odeur n’est plus présente que les composés chimiques ont disparu »
– Guide 2024, page 08

L’aérosol de la vape, au contraire, n’est aucunement lié à la combustion, mais à la chauffe de trois ingrédients : le propylène glycol, la glycérine végétale et les arômes.

Comme le rappellent les auteurs :

« Très peu de substances chimiques potentiellement dangereuses sont identifiées dans ce type d’aérosol, bien que la prudence soit de rigueur selon les arômes utilisés. Quoi qu’il en soit, cet aérosol demeure nettement moins nocif que la fumée de tabac, qui contient des particules fines et de nombreux composés cancérigènes absents de l’aérosol de vape »
– Guide 2024, page 09


2. Le véritable ennemi est et doit rester le tabac fumé


Aussi, comme vient en témoigner le Dr Marie Van Der Schueren, médecin tabacologue à l’Unité de Coordination de Tabacologie du CHU de Caen, « notre ennemi aujourd’hui comme hier, c’est le “tabac” ».

Si des institutions telles que la Haute Autorité de Santé (HAS) ou le Haut Conseil de Santé Publique (HSCP) restent frileuses dans leurs recommandations, jugeant qu’il reste bien trop de zones d’ombre à long terme, de nombreuses et récentes études ont pourtant largement contribué à amoindrir ces craintes, pointent les auteurs [2].

Sans compter qu’en 2023, la Société Francophone de Tabacologie (SFT) a également abouti à un consensus sur l’usage du vapotage dans la prise en charge des personnes fumeuses, écrivent-ils encore.

Pour le Dr Marie Van Der Schueren, le bilan est clair :

« Cela fait 20 ans que la vape existe, mais depuis 20 ans, c’est bien le tabac qui a tué 75 000 personnes par an, soit 1 500 000. Effectivement, on peut reprocher à la vape son côté addictif, car oui, il y a du plaisir à l’utiliser. Certains vous diront qu’on ne connaît pas les conséquences à long terme et c’est vrai, on ne les connaît maintenant qu’à moyen terme mais, nous connaissons bien les conséquences du tabagisme à long terme »


[2] Le détail de chacune d’elles figure à la page 12 du Guide pour sortir de la fumée 2024


3. Les arômes sont des déterminants essentiels pour sortir de la fumée


Alors que les arômes sont souvent pointés du doigt en ce qu’ils ne seraient que des “techniques d’incitation marketing” pour pousser à la consommation, les auteurs du guide recontextualisent leur rôle, en pratique.

Loin de seulement conférer un goût particulier à un e-liquide pour cigarette électronique, les arômes jouent un rôle primordial dans la réussite du sevrage tabagique, confirment-ils.

La multiplicité des saveurs est ainsi définie comme la garante d’un sevrage tabagique plaisant, et donc, durable.

« Les usagers devraient être encouragés à tester différents arômes », peut-on lire notamment, page 22 du guide.

Et ils ne sont pas les seuls à l’affirmer. À ce jour, bien des études ont démontré l’importance des arômes dans la vape.


4. Ce n’est pas forcément vapotage OU substitut nicotinique


Contrairement aux idées reçues, associer un produit de substitution nicotinique quel qu’il soit (gomme, patch..) à l’usage de la vape n’est pas dangereux. Et, plus encore, s’avère bénéfique dans bien des cas.

« Il est important de rappeler qu’un gros fumeur, pour qui le taux de nicotine n’est pas suffisant, peut compléter sa consommation de vape avec un TSN », indiquent les auteurs, page 32.

Pour eux, cette combinaison peut permettre de combattre la dépendance tabagique plus efficacement, sur deux plans : ce qu’ils appellent “un traitement de fond” (par les TSN) et “un traitement de crise” (par la vape).

En tous les cas, rappellent-ils :

« Il vaut mieux être en surdosage de nicotine plutôt qu’en sous-dosage, car dans ce second cas, le risque est de reconsommer une cigarette »

Et il n’y a rien de pire qu’une cigarette.


5. L’accompagnement à l’arrêt du vapotage arrive après


Vouloir accompagner un utilisateur dans l’arrêt du vapotage, alors même qu’il n’a pas terminé son sevrage tabagique serait une grave erreur, expliquent encore les auteurs du guide.

Toute bonne démarche d’accompagnement nécessite d’abord d’en avoir complètement fini avec le tabagisme avant de s’attaquer à la dépendance nicotinique ou comportementale.

« Dans l’idéal, le vapofumage s’inscrit dans une démarche transitoire. Il ne faut pas que les dommages potentiels à long terme conduisent à adopter une attitude trop frontale ou dogmatique avec les vapofumeurs. Diaboliser ou culpabiliser ces personnes pourrait les amener à renoncer purement et simplement à leur projet, provoquant ainsi un sentiment d’échec bien trop souvent vécu. Il existe tout de même un gain à diminuer la consommation de tabac »
– Guide 2024, “Le vapofumage”, page 40


6. Dans la vape, la notion de plaisir est primordiale


Pour beaucoup, parler de plaisir et de vapotage dans la même phrase relève d’un non-sens total. Le sevrage tabagique n’a pas à être plaisant, il doit être efficace. Et pourtant, avec la vape, l’un va bien avec l’autre, confirment les auteurs du guide. Car c’est précisément son caractère plaisant qui rend l’outil aussi pertinent pour les fumeurs en arrêt.

« A contrario des substituts nicotiniques classiques (patch, gomme…), la vape a pour avantage de permettre à l’usager de conserver une notion de plaisir et ainsi de lutter contre la frustration liée à l’arrêt »
– Guide 2024, “La valorisation de la vape dans l’accompagnement”, page 42

Pour ces professionnels normands, la vape est justement intéressante en ce qu’elle permet de conserver le geste, le même type d’aérosol (mais ici, on parle bien de fumée simulée), un “hit” en gorge similaire… autant d’éléments auxquels les fumeurs sont attachés. Et qui leur assurent une transition plus en douceur, sans bousculer certaines habitudes bien ancrées.


7. Avec la vape, les fumeurs deviennent de véritables acteurs de leur sevrage


Parce qu’ils ont la possibilité d’alterner entre différentes saveurs, de tester divers matériels ou encore d’adapter leur dosage nicotinique en fonction de leurs besoins, les fumeurs en arrêt sont invités à s’impliquer, et à devenir de véritables acteurs de leur projet de sevrage tabagique, nous disent les auteurs.

« La vape, c’est ludique ! L’usager doit se saisir de l’outil. Il doit comprendre le fonctionnement de l’appareil et apprendre à gérer ses consommables (résistances, e-liquides) grâce à un accompagnement essentiel dans ses premiers pas par des professionnels »
– Guide 2024, “La valorisation de la vape dans l’accompagnement”, page 43

Et, comme tout autre substitut nicotinique, avec la vape, les bénéfices de l’arrêt de la cigarette ne se font pas attendre…

« Avec la vape, les utilisateurs observent des résultats sur leur santé à court terme. En effet, le taux de monoxyde de carbone dans l’air expiré baisse manifestement au bout de quelques jours d’utilisation de la vape, avec arrêt du tabac bien entendu. Outre la capacité de récupération du souffle, l’odorat et le goût s’améliorent rapidement. Ces résultats rapides et palpables renforcent la motivation de l’usager »
– Guide 2024, “La valorisation de la vape dans l’accompagnement”, page 43

En résumé

Mêlant Science, témoignages et cas pratiques, le Guide pour sortir de la fumée 2024 est un excellent outil pour sensibiliser et inciter les professionnels de santé à intégrer la vape dans le parcours de soin de leurs usagers, fumeurs, mais aussi consommateurs de cannabis.

Il rappelle avec brio l’importante réduction des risques permise par le vapotage, une alternative 95 % moins nocive que le tabac fumé, qui supprime littéralement ce qui tue dans une cigarette : la combustion. Et qui s’avère de fait infiniment moins dangereuse pour le fumeur et son entourage.

« La demi-vie de l’aérosol est 100 fois plus courte que la fumée de tabac. En outre, comme avec la vape il n’y a pas de combustion, l’utilisateur n’expose pas ses proches à des taux significatifs de substances cancérogènes ni de monoxyde de carbone. Donc, le vapotage passif n’existe pas tel qu’on l’entend pour le tabagisme passif »
– Guide 2024, “Attention aux idées reçues”, page 61

Il rassure également sur les composants et les effets du vapotage sur la santé, rappelant que le seul danger de la vape relève du “mésusage”, c’est-à-dire de l’achat de produits illicites, hors marché légal et normé (p.59).

De la même manière, il contre avec justesse l’idée reçue selon laquelle les arômes sucrés ou gourmands inciteraient les jeunes à consommer (p.62). Comme celle voulant qu’une femme enceinte met sa santé et celle de son bébé en danger en vapotant durant sa grossesse (p.63).

Démythificateur puissant, le Guide pour sortir de la fumée 2024 remet chaque vérité à sa place. Dont la plus essentielle : la vape est un formidable outil de réduction des risques.

« Il ne s’agit pas de proposer une solution idéale du point de vue du professionnel de santé, mais bien de proposer ce qui semble le plus atteignable, compte tenu des appétences et des vulnérabilités de la personne concernée. Agissant au rythme de l’usager et convenant de chaque étape de son accompagnement avec lui de façon pragmatique, la vape est certainement un levier intéressant pour travailler le sevrage tabagique, particulièrement pour les personnes en situation de précarité »
– Guide 2024, “Conclusion par David Vincent, délégué régional de la Fédération Addiction”, page 67

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