Une approche différente, un résultat différent : entre 2016 et 2023, le taux de tabagisme en Nouvelle-Zélande a chuté deux fois plus vite qu’en Australie. La raison ? Le premier a choisi de s’appuyer sur la vape. Le second a préféré continuer à la considérer comme une menace pour la santé.
Pour le docteur Colin Mendelsohn et six autres chercheurs, qui ont analysé les deux approches dans une étude comparative datée du 9 février 2025, c’est bien la preuve qu’une politique basée sur la réduction des risques fonctionne. Et que le modèle prohibitionniste a largement atteint ses limites.
L’étude comparative du Dr Mendelsohn et coll.
Universitaire, chercheur et clinicien australien, le Dr Colin Mendelsohn étudie les questions de sevrage tabagique et de réduction des risques depuis plus de 40 ans. Il est également le fondateur de l’Australian Tobacco Harm Reduction Association (ATHRA). Et membre du comité national d’aide à l’arrêt du tabac fumé au Royal Australien College of General Practitioners (RACGP).
Le 9 février 2025, il a co-publié une étude comparative sur l’approche de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie en matière de régulation du vapotage ¹.
L’objectif : comparer deux pays voisins dotés de modèles réglementaires du vapotage très différents, mais de politiques de lutte antitabac et de données démographiques similaires afin de déterminer l’impact d’une approche, pragmatique d’un côté et répressive de l’autre, sur la lutte antitabagique.
Le 2 mars 2025, il a partagé les principales conclusions de son étude à travers un article d’opinion publié sur le journal The Sydney Morning Herald ².
Sans surprise, l’approche plus pragmatique de la Nouvelle-Zélande l’emporte sur celle de l’Australie !
Nouvelle-Zélande VS Australie : la meilleure approche reste néo-zélandaise
En adoptant la vape comme outil légitime de réduction des risques, la Nouvelle-Zélande a drastiquement accéléré le déclin du tabagisme dans le pays.
De 2016 à 2023, le taux de tabagisme quotidien des adultes néo-zélandais a chuté de 10 % par an. Le pays est ainsi passé de 14,5 à 6,8 % de fumeurs.
En revanche, sur la même période, le taux de tabagisme quotidien des adultes australiens a seulement diminué de moitié : 5 % par an, passant de 12,2 % en 2016 à 8,3 % en 2023.
La cause d’une telle chute du tabagisme en Nouvelle-Zélande ? Le vapotage, qui a atteint 9,7 % en 2023, contre 0,9 % en 2016. Soit 8,8 points d’augmentation.
Tandis que chez les australiens, soumis à de nombreuses restrictions, dont la vape sous ordonnance et la limitation des arômes disponibles, le vapotage n’a augmenté que de 3 points en 7 ans, passant de 0,5 % en 2016 à 3,5 % en 2023.
Plus intéressant encore : au sein des communautés les plus à risque, le tabagisme a diminué trois fois plus rapidement en Nouvelle-Zélande qu’en Australie.
« L’un des avantages les plus négligés du vapotage est sa capacité à réduire les disparités en matière de santé. Notre étude a révélé que la prévalence du tabagisme dans les communautés les plus pauvres de Nouvelle-Zélande a diminué trois fois plus rapidement qu’en Australie (12 % par an contre 4 %). De même, les taux de tabagisme parmi la population maorie de Nouvelle-Zélande a diminué à un taux près de trois fois supérieur à celui des Australiens autochtones (16 % contre 6 %). Cette chute rapide n’était pas le fruit du hasard : elle était étroitement liée à la hausse des taux de vapotage dans ces groupes » – Colin Mendelsohn, The Sydney Morning Herald, 2 mars 2025
Et les jeunes ne font pas exception à la règle :
« Le vapotage des jeunes a augmenté plus fortement en Nouvelle-Zélande, atteignant 10 % de vapotage quotidien en 2023 contre seulement 3 % en Australie. Des données plus récentes montrent que le vapotage des jeunes a diminué à 8,7 % en 2024, suite à la nouvelle réglementation. Bien que le vapotage des jeunes demeure une préoccupation, il est important de noter qu’il est associé à une baisse des jeunes fumeurs. En 2023, seulement 1,2 % des jeunes néo-zélandais fumaient quotidiennement » – Colin Mendelsohn, The Sydney Morning Herald, 2 mars 2025
Moralité : nous devons prendre appui sur la méthode néo-zélandaise
Comme la Suède, la Nouvelle-Zélande montre des résultats bien plus pertinents que d’autres pays en matière de lutte contre le tabagisme.
D’un côté, elle continue de faire évoluer ses mesures antitabac. De l’autre, elle veille à conserver un large panel d’alternatives moins risquées pour les fumeurs. À l’image du Royaume-Uni également.
Résultat : contrairement à l’Australie, la Nouvelle-Zélande n’entretient pas les inégalités de santé. La vape n’est ni privée de ses arômes ni accessible seulement sous prescription médicale. Elle est encadrée de façon à offrir aux fumeurs adultes une porte de sortie. Tout en s’assurant de protéger les plus jeunes.
« La solution n’est pas d’interdire le vapotage ou d’essayer de la confiner dans l’obscurité. Il s’agit de le réguler de manière judicieuse, en encourageant les fumeurs à la transition, tout en mettant en œuvre des mesures de protection raisonnables pour protéger les jeunes » – Colin Mendelsohn, The Sydney Morning Herald, 2 mars 2025
La voilà donc, la méthode à adopter sans modération partout ailleurs : la réduction des risques.
NON à la combustion du tabac. OUI à tout autre alternative sans fumée !
Sources
¹ Colin Paul Mendelsohn, Robert Beaglehole, Ron Borland, Wayne Hall, Alex Wodak, Ben Youdan, Gary Chung Kai Chan. Do the differing vaping and smoking trends in Australia and New Zealand reflect different regulatory policies?, Addiction, 9 février 2025. DOI : https://doi.org/10.1111/add.70006
² Colin Paul Mendelsohn, Opinion : Our vaping delusions have gone up in smoke. The Kiwis have a better idea, The Sydney Morning Herald, 2 mars 2025 (article complet en version PDF téléchargeable, langue anglaise)
