Entre le projet avorté d’une taxe sur les produits du vapotage, qui a monopolisé l’attention des mois durant, et la récente interdiction des puffs, votée le 13 février 2025, on en aurait presque oublié cette autre menace qui pèse pourtant toujours sur le monde de la vape en France : l’interdiction des arômes.
Alors, où en est-on ? Le problème est-il réel et la menace fondée, ou ne s’agit-il encore que d’un artifice destiné à semer le doute dans les esprits ?
La position de la France sur l’interdiction des arômes
Le principe même du vapotage est intimement lié aux arômes. Dès l’apparition des premières cigarettes électroniques, on trouvait déjà des arômes divers et variés pour les accompagner. Mais le sujet n’est devenu une problématique politique que bien plus tardivement, suite à l’arrivée des “puffs” en France, récemment interdites.
Parallèlement, d’autres pays, comme les États-Unis, commençaient à réfléchir à bannir certains arômes, en réaction au scandale des cigarettes électroniques Juul, accusées d’avoir incité la jeunesse américaine à vapoter. La vague de pneumopathies de 2019, improprement appelée “EVALI” puisqu’associée à tort au vapotage [1], a alors donné assez de faux arguments aux antivapes pour condamner définitivement la vape et ses arômes.
Ce sont ces mêmes faux arguments que l’on retrouve aujourd’hui en France et qui servent le même dessein : décrédibiliser la vape en s’attaquant précisément à ce qui fait toute sa force. Les arômes.
« Interdire les arômes, c’est du bon sens », déclarait ainsi François Braun en février 2023 sur France Info, en soutien à la proposition d’interdiction du Comité national contre le tabagisme (CNCT)
« Nombre d’entre eux sont explicitement commercialisés pour attirer les enfants et les adolescents – par exemple avec des arômes de pastèque, de fraise, de chewing-gum, de chocolat, etc. », a-t-on pu lire aussi dans un document du 17 juin 2024, destiné au Conseil de l’Union européenne et co-signé par la France
« Afin de toujours mieux anticiper les transformations d’un marché qui évolue de plus en plus vite, nous protègerons nos concitoyens, notamment les plus jeunes des “produits d’appel” qui mènent à l’addiction à la nicotine et au tabac, grâce à l’interdiction des cigarettes électroniques jetables et un travail pour limiter les arômes autorisés dans les produits du vapotage », indiquait également Aurélien Rousseau en présentation du nouveau Programme national de lutte contre le tabac 2023 > 2027
Progressivement, la France a fait des arômes du vapotage un problème majeur de santé publique. Assez pour que chaque média le relaye, tout en y joignant assez de sensationnel pour inciter l’opinion publique à céder à la peur. Et sans jamais leur permettre de vérifier les faits.
Le “problème” des arômes
Au regard de ce que l’on peut lire dans les médias, on est effectivement en droit de douter. Certaines études, comme celle des 16 chercheurs canadiens, qui n’a cessé de faire la une en novembre 2024, semblent indiquer que certains arômes seraient nocifs pour la santé. Nos ministres et parlementaires les premiers parlent de certains arômes comme des saveurs accessoires et pernicieuses, qui n’auraient d’utilité que celle d’inciter des personnes jeunes, mineures et non-fumeuses à consommer de la nicotine.
Pourtant, le problème des arômes n’en est pas vraiment un. Comme la nicotine n’en est pas un non plus.
Face à ces études aux biais méthodologiques flagrants [2], d’autres, bien plus sérieuses, ne partagent pas leurs conclusions. Et, face aux craintes énoncées par nos décideurs se trouve la réponse d’experts bien renseignés, comme d’utilisateurs convaincus.
Ils font appel à la peur pour persuader, faisons appel à la Science !
On pense notamment aux études de Friedman, Lin Li et Yoonseo Mok, regroupant chacune des données d’enquêtes gouvernementales, menées chaque année. Mais aussi à celle de Karin A. Kasza et al., réalisée à partir des données officielles de l’Institut national américain de la santé (NIH) et de l’agence américaine de contrôle sanitaire (FDA).
👉 Toutes concluent, non de la nocivité des arômes, mais bien de leur importance capitale dans la réussite du sevrage. En particulier les arômes dits “sucrés” (fruités, gourmands, mentholés…) soit tous ceux précisément visés par l’interdiction, hors goût tabac.
À cela s’ajoutent par exemple les centaines d’études cliniques internationales analysées par Cochrane depuis 2012, sans jamais témoigner d’effets indésirables graves. Ou encore les différents sondages effectués auprès de vapoteurs, comme celui commandé par JeSuisVapoteur à l’Institut français d’opinion publique (IFOP), qui montre bien la place essentielle qu’occupent les arômes.
Aussi, pour 66 % des utilisateurs de cigarette électronique qui ont déjà essayé d’autres méthodes pour arrêter de fumer, la vape est considérée comme la solution la plus efficace.
👉 Car pour 83 % des utilisateurs de cigarette électronique, les arômes sont précisément la clé : ce sont eux qui leur ont permis de quitter plus facilement la cigarette.
Sans eux, près de la moitié des consommateurs (45 %) craignent de retomber dans le tabagisme. Et, si l’on en croit l’étude menée aux USA sur les conséquences d’une restriction des arômes, leur crainte est bel et bien fondée…
👉 Pour chaque produit aromatisé vendu en moins en raison des restrictions en place, l’étude a comptabilisé une moyenne de 12 à 15 cigarettes vendues en plus !
Une preuve de plus que l’effet passerelle n’existe pas [3]. Vapoter ne conduit pas à fumer. En revanche, ne plus pouvoir vapoter conduit à (re)fumer.
Et si, comme l’a si bien dit le professeur Dautzenberg, lutter contre les arômes s’avérait donc plutôt « contraire à la santé publique » ? Pourquoi la France continue-t-elle alors de prôner l’interdiction des arômes ?
Un plaisir coupable
À y regarder de plus près, le problème de fond semble bien plus idéologique que sanitaire. Penser qu’un fumeur pourrait prendre plaisir à arrêter de fumer dérange.
« Il y a un aspect moraliste dans l’abstinence ou la prohibition qui prend ses racines dans plusieurs courants de pensée qui ont façonné l’Occident, que ce soit des racines chrétiennes, culpabilisant la personne de continuer à pécher, ou de la pensée communiste ou marxiste qui, comme pour la pensée chrétienne, vise des absolus. Il faut souffrir pour avoir la rédemption et le paradis. Tout cela joue forcément dans nos cultures et indéniablement c’est une des parts qui peut expliquer cette volonté d’absolutisme et cette lutte contre la réduction des risques, qui est pourtant la méthode la plus efficace aujourd’hui » – Professeur Antoine Flahault, épidémiologiste, reportage Tais-toi et fume !
À la réduction des risques liés au tabagisme, nos décideurs politiques préfèrent en effet toujours la stratégie pourtant stérile de l’abstinence. Quitte à user de désinformation et autres théories fumeuses pour la justifier. Et quoi de mieux que de rendre les arômes inutiles voire dangereux pour clore définitivement le débat. Et revenir aux fondamentaux : la culpabilisation du fumeur, qui doit prouver son mérite d’avoir réussi à arrêter de fumer en encaissant la souffrance du manque. Sans autre motivation que sa détermination.
En souhaitant l’interdiction des arômes en France, qu’on ne s’y trompe pas : sans la multiplicité de ses arômes, la vape perd littéralement toute sa saveur. Ce qui rend l’outil si efficace est profondément lié aux goûts divers et variés qu’il offre aux fumeurs en arrêt.
Non à l’interdiction des arômes
Oui à un meilleur encadrement
Veiller à la sécurité du consommateur est une évidence. C’est pourquoi les e-liquides sont déjà encadrés en ce sens depuis la transposition de la Directive européenne des produits du tabac (TPD) dans la loi française, en 2016. Entre autres choses, cette dernière prévoit :
- L’obligation pour tout fabricant souhaitant mettre un produit à la nicotine sur le marché de le notifier aux autorités compétentes, 6 mois avant. Avec la liste exacte des composants.
- L’interdiction formelle d’utiliser certains ingrédients et additifs, notamment ceux qui sont reconnus par la réglementation comme « cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction humaine ».
Dans une optique de transparence, de qualité et de protection du consommateur, pourquoi ne pas discuter d’un meilleur encadrement avec les acteurs de la filière du vapotage ? En renforçant la communication et en replaçant la Science au cœur des échanges ? Afin que chaque nouvelle molécule potentiellement risquée soit détectée au plus tôt, que des seuils limites soient fixés conformément aux résultats d’études sérieuses et avérées – comme c’est déjà le cas dans l’industrie des arômes alimentaires.
Ce faisant, on éviterait à plus d’un million de vapoteurs de retourner vers le tabagisme, faute d’arômes pour les garder motivés tout au long de leur sevrage. Et on continuerait de permettre à des millions d’autres fumeurs de se débarrasser définitivement de la cigarette et de ses dangers. Au fond, n’est-ce pas précisément cela que l’on souhaite tous ?
#JeSuisVapoteur continue ses actions pour alerter l’opinion publique ! Lettres et mails aux médias, aux politiques, sollicitations du corps médical et scientifique, sondages et conférences de citoyens, clean tags dans l’espace public… Le collectif redonne de la voix à la mobilisation !
👉 Rejoignez-nous dans ce combat : envoyez vos mails aux députés français et européens !
Notes
[1] La vague de pneumopathies de 2019 aux États-Unis
Dès les premiers cas d’hospitalisation, des études ont été menées pour déterminer la cause des pneumopathies. Tandis que les autorités sanitaires américaines se sont empressées de pointer le vapotage du doigt, des chercheurs ont confirmé la responsabilité de l’acétate de vitamine E. Une substance obtenue illégalement sur le marché noir du THC. Si le Centre de contrôle des maladies (CDC) a enfin reconnu le rôle de l’acétate de vitamine E dans la vague de pneumopathies qui a sévi aux États-Unis, la fausse rumeur d’une “pneumopathie associée au vapotage” (PAV ou EVALI en anglais, pour “E-cigarette or Vaping product use Associated Lung Injury”) court toujours.
[2] L’étude canadienne sur la nocivité des arômes fruits rouges
Dans l’étude des chercheurs canadiens, publiée le 23 septembre 2024 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, la méthodologie a dépassé de loin les conditions normales d’utilisation d’une cigarette électronique chez un humain. Le protocole a été effectué sur des souris de laboratoire, soumises continuellement aux vapeurs aromatisées de la e-cigarette durant 10 jours et dans un espace confiné. En plus d’une méthodologie contestable, les chercheurs eux-mêmes émettent de grandes limites à leurs conclusions, loin de se résumer au titre sensationnaliste des médias.
[3] Les études sur l’effet passerelle
S’il faut d’autres preuves que l’effet passerelle est, non une théorie, mais bien un mythe, on vous invite à découvrir :
- L’étude de l’Université Queen Mary de Londres (2023), financée par l’Institut national de recherche britannique sur la santé et les soins (ou NIHR)
- L’étude de l’Université de Rutgers, New Jersey (2023), qui retrace l’évolution des taux de tabagisme et de vapotage chez les lycéens américains depuis plus de 30 ans
- L’étude de l’Institut national du cancer (INCa) et de l’Institut pour la recherche en santé publique (IRESP) menée auprès des lycéens de 15-16 ans, en France, dans la Loire, entre 2018 et 2020
ou encore l’étude du Professeur Bertrand Dautzenberg et coll. (2023), qui réfute 23 publications sur l’effet passerelle et atteste du pouvoir “distracteur” de la vape sur le tabagisme !