Ce n’est pas un poisson d’avril, mais on aurait préféré : au 1er avril 2025, l’Espagne a mis en place sa taxe sur la vape.
À l’exception des îles Canaries et des villes de Ceuta et de Melilla, les e-liquides sont désormais soumis à l’accise, qu’ils contiennent ou non de la nicotine. Et d’autres restrictions pourraient suivre…
Montant de la taxe espagnole sur la vape
D’abord approuvée pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2025 puis repoussée au 1er avril 2025, la taxe sur la vape est bien à l’ordre du jour en Espagne [1].
Depuis le 1er avril 2025, tout e-liquide pour cigarette électronique est taxé. D’autant plus sévèrement s’il dépasse un certain seuil de nicotine :
- De 0 à 15 mg/ml de nicotine, la taxe s’élève à 0,15 euros le millilitre ;
- Au-delà de 15 mg/ml de nicotine, le e-liquide est taxé à hauteur de 0,20 euros le millilitre.
Ce qui représente de 1,50 € à 2 € de taxes sur un flacon de 10 ml. Puis vient la fameuse Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). Rapportant le coût final pour un consommateur a bien plus que quelques euros supplémentaires.
Les sachets de nicotine et autres produits nicotinés considérés en dehors du champ médical et pharmaceutique sont également concernés par la taxation [2].
Pour ces produits, l’impôt est fixé à 0,10 euro le gramme.
Conséquences d’une taxe sur la vape en Espagne
Les coûts augmentent donc pour les vapoteurs et autres consommateurs de nicotine en Espagne. Tout comme les procédures administratives pour les producteurs, distributeurs et détaillants.
Déclaration mensuelle de ladite taxe, enregistrement spécial auprès des contribuables, demandes de remboursement pour les expéditions… En Espagne, la taxe aura de lourds effets sur le marché.
Beaucoup s’inquiètent ainsi de certaines fermetures d’enseignes, d’une montée en puissance du marché noir. Et pire encore : d’un retour vers la cigarette combustible. Dans un contexte où plus de 24 % de la population adulte fume toujours.
Un avenir plus sombre encore ?
Mais la suite pourrait être plus dramatique encore.
Non seulement une taxe en appelle toujours à évoluer à la hausse, mais le gouvernement d’Espagne ne cache pas son souhait de s’attaquer prochainement à d’autres sujets. À commencer par les arômes.
Comme bien d’autres pays de l’Union européenne, le ministère de la Santé espagnol se dit inquiet de l’attrait du vapotage chez les jeunes. Attrait qui, selon lui, émane directement des saveurs disponibles.
Malgré toutes les études qui continuent de réfuter l’existence d’un effet passerelle (de la vape vers le tabagisme) chez les jeunes, l’Espagne reste imperméable aux conclusions scientifiques [3]. À l’image de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de ses recommandations, le pays pense les nouveaux produits nicotinés dans la continuité du tabac fumé et de ses dangers.
Preuve d’une méconnaissance flagrante de la molécule et de ses produits dérivés. Et une grave erreur pour la santé et le sevrage des personnes fumeuses : la combustion tue. La nicotine non !
Sources
[1] Journal Officiel de l’Agence d’État, BOE-A-2025-1732, Dispositions générales
[2] Détails de la taxe sur les liquides pour cigarettes électroniques et autres produits liés au tabac sur le site du gouvernement espagnol
[3] Entre 2018 et 2020, en France, dans la Loire, aucun effet passerelle n’a été constaté chez les lycéens de 15-16 ans.
En 2023, l’Institut national de recherche britannique sur la santé et les soins (ou NIHR) a également invalidé la théorie dite de l’effet passerelle.
La même année, deux chercheuses américaines ont retracé le parcours des jeunes fumeurs américains, des générations de 1991 à 2022. Et confirmé : la vape ne mène pas au tabagisme. Elle délivre les jeunes de la cigarette !
En 2023 encore, en France, le professeur Bertrand Dautzenberg et coll. ont réfuté 23 publications affirmant, sans preuve, l’existence de l’effet passerelle. Mais surtout, comme leurs collègues états-uniennes, ils ont relevé un effet “distracteur” du vapotage sur le tabagisme.
