Les termes d’addiction et de dépendance sont communément utilisés de nos jours, pour désigner un comportement dans la consommation d’un produit ou d’une pratique. Il existe différents types de pratiques addictives. La consommation occasionnelle ou régulière qui ne provoque pas de problème de santé à court terme. La consommation répétée qui provoque des complications sur le plan de la santé, de la vie privée et du travail. Et enfin, la consommation addictive à proprement parler et que nous allons développer dans cet article, qui prend le contrôle du sujet et organise sa vie autour de la consommation du produit psychoactif.
L’addiction, comment ça marche ? On vous explique tout !
Qu’est-ce que l’addiction
- Définition
L’addiction est une affection qui provoque une envie impérieuse de consommer une substance ou de pratiquer une activité dont le manque entraîne un malaise psychique et/ou physique, et cela malgré la connaissance de ses effets nocifs.
- Psychique et physique
La dépendance psychique se caractérise par la nécessité de ressentir ou de maintenir un état de plaisir ou de stimulation, mais aussi de pallier le malaise causé par le manque.
La dépendance physique se caractérise par une nécessité irrésistible de consommer une substance pour se soustraire au syndrome de manque découlant de la privation de cette dernière. Elle se distingue par la manifestation de symptômes physiques en cas de manque et par une consommation quotidienne en constante augmentation (tolérance).
L’addiction, comment ça marche ?
Le cerveau possède un système de récompense. C’est d’ailleurs un des mécanismes qui a permis à l’être humain d’être encore sur cette terre aujourd’hui. Ce système de récompense procure du plaisir dans la réalisation d’actions ou de comportement adaptés à la survie de l’individu : boire, manger, sexe, apprentissage…
Une des molécules impliquées dans ce système de récompense est la Dopamine.
Les produits addictifs sont différents, mais ils ont en commun d’activer dans notre cerveau le système de récompense, par exemple en augmentant artificiellement la production de Dopamine.
Pour retrouver cette sensation de plaisir, il faudra alors répéter cette pratique. De plus, notre cerveau va remanier le nombre ou la sensibilité de ses récepteurs neuronaux pour s’adapter à l’apport supplémentaire de cette substance, c’est ce que l’on appelle la tolérance ou l’accoutumance.
De cette répétition et de l’augmentation de la fréquence et/ou du dosage, né la dépendance.
Addiction et dommages physiques
Les substances addictives n’ont pas la même dangerosité comme nous le montre le rapport Roques de 1998.
Mais la corrélation entre dépendance et dangerosité est plus complexe qu’il n’y paraît. Dans le cas du tabagisme qui a la toxicité générale la plus élevée, ce qui est dommageable pour la santé n’est pas la substance addictive elle-même (la nicotine), mais son mode d’administration : la combustion.
« Ce qui pose problème ce n’est pas la nicotine ni le tabac, c’est la combustion » Dr William Lowenstein, Interniste et addictologue, président de SoS Addictions
C’est pour cela que les substituts contenant de la nicotine sont conseillés par les médecins dans l’aide au sevrage tabagique.
Diagnostic de l’addiction
Le monde médical pour diagnostiquer les addictions se réfère à 2 systèmes de classifications. Nous vous les présentons ici.
Les 11 Critères diagnostiques du DSM V de l’American Psychiatric Association
- Besoin impérieux et irrépressible de consommer la substance ou de jouer (craving)
- Perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la prise de substance ou au jeu
- Beaucoup de temps consacré à la recherche de substances ou au jeu
- Augmentation de la tolérance au produit addictif
- Présence d’un syndrome de sevrage, c’est-à-dire de l’ensemble des symptômes provoqués par l’arrêt brutal de la consommation ou du jeu
- Incapacité de remplir des obligations importantes
- Usage même lorsqu’il y a un risque physique
- Problèmes personnels ou sociaux
- Désir ou efforts persistants pour diminuer les doses ou l’activité
- Activités réduites au profit de la consommation ou du jeu
- Poursuite de la consommation malgré les dégâts physiques ou psychologiques
Présence de 2 à 3 critères : addiction faible
Présence de 4 à 5 critères : addiction modérée
Présence de 6 critères ou plus : addiction sévère
Les 6 critères de la dépendance de la Classification Statistique internationale des maladies de l’OMS (CIM 10)
Pour faire ce diagnostic, au moins 3 des manifestations suivantes doivent avoir été présentes en même temps, au cours de la dernière année :
- Un désir puissant ou compulsif d’utiliser une substance psychoactive ;
- Difficultés à contrôler l’utilisation de la substance (début ou interruption de la consommation ou niveaux d’utilisation) ;
- Syndrome de sevrage physiologique quand le sujet diminue ou arrête la consommation d’une substance psychoactive, comme en témoignent la survenue d’un syndrome de sevrage caractéristique de la substance ou l’utilisation de la même substance (ou d’une substance apparentée) pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage ;
- Mise en évidence d’une tolérance aux effets de la substance psychoactive : le sujet a besoin d’une quantité plus importante de la substance pour obtenir l’effet désiré ;
- Abandon progressif d’autres sources de plaisir et d’intérêts au profit de l’utilisation de la substance psychoactive, et augmentation du temps passé à se procurer la substance, la consommer, ou récupérer de ses effets ;
- Poursuite de la consommation de la substance malgré ces conséquences manifestement nocives. On doit s’efforcer de préciser si le sujet était au courant, ou s’il aurait dû être au courant, de la nature et de la gravité des conséquences nocives
L’addiction, comment ça marche ? Conclusion !
De nos jours, encore une grande partie de la société, pense que l’addiction est due à de la faiblesse psychologique et que se sevrer d’une dépendance est une histoire de volonté. Mais alors, comment marche l’addiction ?
« Cela est aussi stérile que de demander à une personne dépressive de bien vouloir se secouer ou à une personne souffrant de crises épileptiques de faire appel à sa volonté ou à son amour pour ne plus convulser….! » Dr William Lowenstein, Interniste et addictologue, président de SoS Addictions.
Il est bon de rappeler que l’addiction est une maladie qui agit sur notre comportement en court-circuitant les transmissions normales de notre cerveau et que la volonté seule n’a plus le contrôle sur nos actes.
Quelle que soit, l’addiction, il est hautement recommandé de consulter un professionnel (médecin, addictologue, tabacologue…) pour se faire accompagner vers un sevrage efficace et adapté.