Première cause de mortalité prématurée en France, deuxième facteur de décès dans le monde avec près de 10 millions de morts par an, le cancer n’en finit pas de sévir. D’une ampleur sans précédent, une nouvelle étude, publiée le 19 août dernier dans la revue scientifique The Lancet, réunit le travail de milliers de scientifiques du monde entier et vient confirmer la dangerosité du tabac et de l’alcool, les tenant comme les principaux facteurs favorisant la maladie.
Une vaste étude sur le cancer
Financée par la fondation Bill Gates, cette étude fait partie d’un programme de recherche d’une ampleur inédite dans le monde, et s’attache à affiner les causes de la mortalité chez les humains. Concernant le sujet du cancer, l’étude, réalisée par le Global Burden of Disease, démontre “pour la première fois, le fardeau mondial du cancer attribuable à une liste complète de facteurs de risque comportementaux, métaboliques, environnementaux et professionnels.” L’étude met ainsi en exergue le tabac, de loin le principal élément favorisant un cancer (33,9%), suivi par l’alcool (7,4%). Viennent ensuite d’autres facteurs tels que l’alimentation, la pollution de l’air et l’obésité, évaluées autour de 5%.
Des chiffres glaçants
Afin d’assister et de conseiller au mieux le corps médical, les chercheurs du Global Burden of Disease ont, dans un premier temps, étudier le profil de personnes décédées dans le monde des suites d’un cancer. Puis ils ont cherché si leurs pathologies étaient attribuables à des comportements néfastes connus, qui auraient pu augmenter les risques de contracter la maladie. Résultat, plus de 4 millions de cancers mortels (2,88 millions d’hommes, et 1,58 millions de femmes), et 100 millions de cancers ayant engendré d’importants handicaps ont été imputés à ces facteurs de risque qui auraient pu être maîtrisés. Les chercheurs déplorent de même qu’“entre 2010 et 2019, le nombre de décès par des cancers attribuables à ces comportements néfastes a augmenté de 20,4% et le nombre d’invalidités de 16,8%”.
L’enjeu de cette étude : la prévention avant tout
Portant la responsabilité de près de la moitié des cancers dans le monde, le tabac et l’alcool sont évidemment pointés du doigt. Si les conclusions de l’étude ne sont pas étonnantes, elles permettent cependant d’appréhender au mieux les facteurs de risques selon les régions de la planète et de réduire l’incidence de certains cancers… Sans oublier de faire une place toujours plus grande à la prévention, bien trop souvent sous-estimée, et de conserver pour objectif principal de changer les comportements. Loin d’être anodin, diminuer par exemple sa consommation d’alcool réduit le risque de cancer de l’œsophage et de la sphère ORL, tout comme baisser sa consommation de sel limite les cancers de l’estomac…
L’étude précise que “le principal cancer en termes de décès attribuables au risque dans le monde en 2019 chez les hommes et les femmes était le cancer de la trachée, des bronches et du poumon, suivi du cancer du côlon et du rectum, du cancer de l’œsophage et de l’estomac chez les hommes, et du cancer du col de l’utérus, du cancer du côlon et du rectum et du cancer du sein chez les femmes.” A l’éclairage de ces données, et parce que ces maladies peuvent s’expliquer par des comportements à risque bien connus des médecins, les scientifiques ne peuvent que recommander aux soignants de faire pratiquer des analyses plus régulièrement.
Néanmoins, la prévention ne fait pas tout. Près de 50% des cancers ne sont pas liés à un comportement à risques. Voilà pourquoi l’étude préconise que “ les efforts de réduction du risque de cancer doivent être associés à des stratégies globales de lutte contre le cancer qui comprennent des efforts pour soutenir un diagnostic précoce et un traitement efficace.”
Les conclusions
Face à une augmentation, ces dernières années, des cancers liés au risque métabolique, l’étude suggère que “les pays devraient continuer à investir simultanément dans des stratégies de réduction des risques tout en renforçant les systèmes de santé”. En effet, si le tabagisme reste la principale cause de risque de cancer à l’échelle mondiale, d’autres facteurs contribuant à la maladie existent et varient selon les régions du monde. Loin d’être négligeables, la reconnaissance de ces derniers et leur localisation pourrait bien permettre une réduction d’un tiers de la mortalité prématurée d’ici 2030.
Le cancer en France, on en est où ?
Chez l’homme, les cancers de la prostate et du poumon sont les plus courants. Vient enfin le cancer colorectal, et, chez la femme, le cancer du sein reste le plus fréquent, devant le colorectal et le cancer du poumon.
Selon l’Institut National du Cancer, le nombre de nouveaux cas de cancers augmente depuis une trentaine d’années. Les causes ? Tout d’abord le vieillissement de la population, l’amélioration des diagnostiques, mais aussi le maintien (voire l’augmentation) de certains comportements à risque dans la population. Le nombre de cancers du poumon des femmes est ainsi en augmentation depuis que le tabagisme s’est installé dans leur quotidien.
Pour autant, on note un taux de mortalité en constante diminution depuis 25 ans et ce, grâce à l’amélioration des traitements et des diagnostiques, qui permettent de déceler la maladie à un stade plus précoce et donc plus simple à prendre en charge.
A l’échelle mondiale, selon les dernières estimations publiées par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), 18,1 millions de nouveaux cas de cancer auraient été diagnostiqués dans le monde en 2018 : 23,4 % sur le continent européen, 48,4 % en Asie, 13,2 % en Amérique du Nord, 7,8 % en Amérique latine, 5,8 % en Afrique et 1,4 % en Océanie. Un moins bon accès aux soins ainsi que des cancers aux pronostics plus défavorables expliquent une mortalité proportionnellement plus importante en Afrique et en Asie.
Source : The Lancet