En quelques années, la vape a gagné en popularité, au point d’être considérée comme l’un des outils de sevrage tabagique le plus efficace. Une raison de plus de savoir ce que l’on inhale. Si un récent examen du Comité sur la toxicité des produits chimiques dans les aliments, les produits de consommation et l’environnement (COT) a révélé un risque sur la santé des produits de vapotage beaucoup plus faible que sur les cigarettes, l’inhalation de certains arômes dérivés thermiquement restaient incertains. On y voit désormais plus clair sur les émissions de cigarettes électroniques.
Le contexte
Considérée depuis peu comme le parfait dispositif alternatif au tabac, la cigarette électronique offre aux fumeurs un sevrage plus serein. Cette vision de la vape, induite par bon nombre de scientifiques, a suscité de féroces débats en termes de réglementation et a engendré des divergences entre les pays, quant aux règles de production, de distribution et de consommation de ces produits. Si certains états, tels que l’Inde, l’Australie, Oman, l’Égypte ou encore la Colombie, ont réglé le problème en interdisant tout bonnement la vape, ailleurs, les institutions gouvernementales ont préféré définir un cadre. Par exemple, la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis, tout comme la Directive de l’Union européenne sur les produits du tabac, ont toutes deux posé des exigences préalables à la mise sur le marché des cigarettes électroniques. Entre autres, que les fabricants et les importateurs de produits de vapotage soumettent des données sur les ingrédients, les émissions et les données toxicologiques aux autorités avant la commercialisation de leurs produits.
Pourquoi Replica ?
Ces règles ont encouragé le monde médical à se pencher sur le sujet et à clarifier les effets de la vape : c’est d’ailleurs dans ce contexte qu’a été créé, au sein de l’Université de Catane en Italie, le Centre d’excellence pour l’accélération de la réduction des HArm (CoEHAR). Et sous sa direction, le projet Replica a été mis en place. L’objectif : reproduire des études in vitro menées à l’origine par les fabricants de tabac et de cigarettes électroniques, et vérifier la fiabilité de leurs informations.
L’étude Replica sur les émissions de cigarettes électroniques
L’étude REPLICA qui nous intéresse ici a cherché à reproduire une partie du travail publié par Rudd sur les émissions de cigarettes électroniques. L’équipe italienne Replica et son partenaire à Oman ont en effet mené une étude faisant écho à un article publié par Rudd en 2020, dans lequel ce dernier présentait des données comparatives sur les émissions d’aérosols et la toxicité in vitro par rapport à la fumée de cigarette. Pour ce faire, Rudd et son équipe avaient établi la cytotoxicité, la mutagénèse et la génotoxicité induites par une vapoteuse, avant de la comparer à la fumée de cigarette. Ici, un petit point vocabulaire s’impose :
La cytotoxicité est la propriété d’un agent chimique ou biologique à être toxique pour les cellules, éventuellement jusqu’à les détruire.
La mutagénèse est le processus d’apparition d’une mutation, qui peut être naturelle ou artificielle (par exposition de l’ADN à un « agent mutagène »).
En pharmacologie, la génotoxicité d’une substance est sa capacité à compromettre l’intégrité physique (cassure chromosomique) ou fonctionnelle du génome.
Selon les observations de Rudd, de nombreux constituants nocifs ont été trouvés dans la fumée de cigarette, soulignant une activité mutagène et génotoxique. Contrairement à l’aérosol de la vapoteuse, qui s’est avérée 300 fois moins cytotoxique que la fumée de cigarette.
Reproduction du test de Rudd
Lors de la reproduction du test in vitro, Replica n’a pas pu utiliser la même cigarette que Rudd, mais une référence très similaire. Par contre, il s’agit bien de la même vapoteuse : une myblu, une e-cigarette à système pod fermé, contenant dans les deux cas un e-liquide aromatisé au tabac et contenant 1,6% de nicotine.
Les résultats obtenus sur les émissions de cigarettes électroniques
Les résultats de l’étude Replica soulignent une cytotoxicité, une mutagénicité et une génotoxicité élevées induites par la fumée de cigarette mais inexistantes dès lors qu’il s’agit de cigarette électronique. Des conclusions qui corroborent celles de Rudd, malgré d’indéniables différences méthodologiques.
Plusieurs études pour une même conclusion : l’aérosol d’une cigarette électronique est donc bien plus sûr et moins nocif qu’une cigarette. Le doute n’est plus permis : la vape est un dispositif réellement efficace pour se sevrer et réduire l’exposition des fumeurs aux agents de combustion toxiques.