Divers choix modulent ce que nous faisons tout au long de notre vie et c’est encore plus vrai à l’adolescence. Indépendamment de leurs caractéristiques individuelles et de l’environnement qui les entoure, certains jeunes sont plus susceptibles que d’autres de commencer à fumer. Il existe une vulnérabilité psychologique propre à l’adolescence qui explique pourquoi les addictions commencent souvent à cette période de la vie. Les jeunes fumeurs deviennent ainsi beaucoup plus vite dépendants au tabac que les adultes. Plus on commence à fumer jeune, plus les chances de devenir un fumeur régulier sont grandes et plus il sera difficile d’arrêter. Par ailleurs, les risques pour la santé de la consommation de tabac sont liés à la durée du tabagisme ainsi qu’au nombre de cigarettes fumées par jour.
Contexte :
Avec 75 000 décès attribués au tabac chaque année en France, le tabagisme est la première cause de mortalité évitable dans l’hexagone.
La fumée de tabac contient plus de 4 000 substances chimiques parmi lesquelles des irritants, des produits toxiques (monoxyde de carbone, goudrons), la substance addictive qu’est la nicotine. Parmi les substances répertoriées, plus de 50 cancérogènes ont été identifiés.
La prévalence tabagique chez les adolescents.
L’adolescence est une période critique où les risques liés à la consommation de substances psychoactives sont particulièrement élevés. Le comportement tabagique s’établit généralement pendant l’adolescence ; la plupart des fumeurs ont consommé leur première cigarette ou étaient déjà dépendants à l’âge de 18 ans. La dépendance à la nicotine s’installe beaucoup plus rapidement chez les jeunes que chez les adultes.
La dernière étude sur le comportement des enfants d’âge scolaire en matière de santé (HBSC), axée sur la santé et le bien-être des adolescents, révèle des niveaux inquiétants de tabagisme, en particulier chez les jeunes de 15 ans. Dans cette tranche d’âge, 15 % des adolescents déclarent avoir fumé 1 cigarette au moins 1 fois au cours des 30 derniers jours, et près de 1 sur 3 indique avoir essayé de fumer (27 % des filles et 29 % des garçons), d’après l’OMS.
On estime que chaque année, environ 200 000 jeunes commencent à fumer en France. Les fumeurs, dans leur très grande majorité, commencent à fumer à l’adolescence et deviennent rapidement dépendants bien avant l’âge adulte. L’âge d’entrée dans le tabagisme intervient à 13 – 14 ans. Les deux tiers de ces adolescents seront consommateurs de tabac une partie de leur vie.
Selon la dernière enquête ESCAPAD chez les jeunes de 17 ans, au niveau national, plus d’un quart des jeunes (25,1%) de 17 ans sont des fumeurs quotidiens et près de six jeunes Français sur 10 ont déjà essayé de fumer. Même s’il s’agit du niveau le plus bas mesuré par les enquêtes ESCAPAD depuis 2000, celui-ci reste particulièrement élevé par rapport à d’autres pays.
Jeunes fumeurs : Quels sont les risques ?
Une initiation précoce est souvent associée à un risque élevé de devenir fumeur quotidien, à un tabagisme plus intense, un niveau d’addiction plus élevé, et une plus grande difficulté à arrêter de fumer et par conséquent à une mortalité liée au tabac plus élevé, en particulier par cancers du poumon et maladies cardio-vasculaires.
Le tabagisme actif chez les enfants et les adolescents entraîne de graves risques pour leur santé respiratoire à court et long termes. Les enfants qui fument sont deux à six fois plus susceptibles de tousser, d’expectorer, de présenter une respiration sifflante, et d’être davantage essoufflés que les non-fumeurs. Le tabagisme nuit à la croissance pulmonaire et déclenche un déclin prématuré de la fonction respiratoire, qui accompagne progressivement le développement d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive.
L’addiction à la nicotine.
Bien que peu dangereuse en soi, la nicotine est à l’origine de la dépendance au tabac.
L’addiction à la nicotine s’installe très rapidement chez les jeunes, avant même qu’ils ne ressentent les premiers symptômes de dépendance et avant qu’ils aient commencé à fumer tous les jours. L’addiction est en général patente dans les deux mois suivant le début du tabagisme.
La puissance addictive de la nicotine n’est plus à démontrer. Pour trois jeunes qui fument une première cigarette « pour voir », deux d’entre eux deviendront des fumeurs quotidiens.
Le tabagisme passif.
Extrêmement nocive pour le fumeur la fumée l’est également pour le non-fumeur.
Parmi les jeunes de 17 ans, 24,0% déclaraient être exposés à la fumée de tabac à la maison et 62,9% devant leur établissement scolaire en 2017.
Le tabagisme passif, s’il est plus toxique dans un environnement fermé, l’est également dans un environnement ouvert où des phénomènes de concentration peuvent intervenir.
Le décret Bertrand de 2007 réaffirme l’interdiction de fumer dans les espaces non couverts des écoles, collèges et lycées publics et l’étend aux centres de formation d’apprentis. Il est donc strictement interdit de fumer dans l’enceinte de l’établissement y compris les cours de récréation et aucun espace fumeurs ne peut être aménagé.
Les enfants sont principalement exposés au tabagisme passif chez eux à cause du tabagisme parental. Le niveau d’exposition au tabagisme passif demeure élevé avec les risques associés particulièrement pour des organismes encore immatures.
De plus, cette exposition est marquée sur le plan social et contribue à expliquer la poursuite dans le temps du tabagisme selon la catégorie sociale à laquelle appartient le jeune.
Principaux effets du tabagisme passif sur les jeunes enfants :
Au delà des conséquence de fumer lorsque l’on est enceinte pour les nouveaux nés, le tabagisme passif touche également les jeunes enfants et les adolescents. Voici les principaux effets auxquels il faut faire attention :
- Irritation des yeux, du nez et de la gorge.
- Fréquence accrue des rhinopharyngites et des otites.
- Plus grand risque d’asthme et d’infections respiratoires (pneumonie et bronchite).
- Faible, mais significative, diminution du développement du poumon.
- Le syndrome de mort subite du nourrisson est plus fréquent lorsque les parents fument au domicile.
L’initiation au tabagisme chez les jeunes.
Les facteurs qui influencent les jeunes pour commencer à fumer :
L’âge constitue un facteur d’influence important de l’initiation tabagique. L’adolescence est une étape charnière de la vie. Il s’agit d’une période de transition entre l’enfance et l’âge adulte. À ce moment, les jeunes se questionnent sur qui ils sont vraiment. Ils cherchent à se détacher des adultes et à trouver leur voie en expérimentant diverses choses, comme le tabac.
Les jeunes âgés de 11 et 17 ans sont plus susceptibles de développer une dépendance au tabac. Pendant cette période, le corps est plus sensible aux effets de la nicotine, ce qui les rend plus vulnérables.
Quand ils commencent à fumer, les jeunes ont une fausse impression de contrôle. Ils mettent du temps à réaliser qu’ils sont devenus dépendants au tabac et lorsqu’ils s’en rendent compte, il est trop tard.
La personnalité, c’est-à-dire les caractéristiques émotionnelles, l’attitude et le comportement, influence la décision de commencer à fumer. Selon leur curiosité, leur niveau de confiance ou l’importance qu’ils accordent à l’opinion des autres, les jeunes peuvent décider de faire l’essai du tabac ou non.
De façon générale, les raisons qui motivent à faire l’usage du tabac sont les suivantes :
- Faire partie d’un groupe
- Paraître mature, indépendant ou cool
- Se rebeller contre l’autorité
L’influence des pairs est un facteur de risque important de l’initiation tabagique. Les jeunes qui ont des amis ou des parents fumeurs sont plus susceptibles de commencer à faire l’usage du tabac.
L’adolescence est marquée par le passage de l’école primaire à l’école secondaire. Il s’agit d’une période où les jeunes sont confrontés à l’inconnu, où ils sont à la recherche de leurs repères. À cet âge, l’amitié est très importante. Elle constitue un point d’ancrage pour eux, un moyen de se sentir moins seul. Pour beaucoup de jeunes, commencer à fumer est une façon d’échanger avec d’autres ou de s’intégrer à un groupe.
Le tabagisme des parents fait partie des principaux facteurs liés au début de la consommation tabagique chez les jeunes. Lorsque des membres de la famille fument, les jeunes ont l’impression que tout le monde autour d’eux consomme du tabac, que c’est la norme. Pour cette raison, les enfants de fumeurs sont plus susceptibles de commencer à fumer que les autres.
L’exposition à « la promotion » au sens large du tabagisme et des produits du tabac, notamment dans les supports audiovisuels et réseaux sociaux.
Le tabagisme est présent dans les émissions de télévision, les films et les vidéoclips. Il est plus présent sur nos écrans que dans la vraie vie. La culture qui entoure les jeunes donne souvent la fausse impression que fumer est un comportement répandu, ce qui les incite à s’initier au tabac.
Conclusion :
La lutte contre le tabagisme et la prévention du tabagisme des jeunes constituent une priorité de santé publique.
Le plus efficace pour réduire le tabagisme des jeunes c’est que les adultes ne fument pas, une politique visant à encourager l’arrêt du tabac en promouvant des outils de sevrage efficaces et accessibles semble nécessaire pour endiguer le tabagisme des adultes et protéger de fait les plus jeunes.
De plus, une étude de l’INSERM confirme l’absence d’effet passerelle de la vape au tabac en France. Selon les auteurs 43% des Français de 17 à 18 ans qui ont expérimenté le vapotage n’ont jamais fumé ni même expérimenté la cigarette.