Lors de la séance du 8 novembre du Comité sur le Plan Cancer (BECA), dont l’eurodéputée française Véronique Trillet-Lenoir (Renew/LREM) est rapporteuse, un amendement de compromis visant à interdire des arômes de vapotage a été évoqué. Certains membres du Comité semblent craindre que des arômes attirent des jeunes vers le vapotage. Les associations de la vape n’on pas tardé à réagir.
La vape vue par les députés européens du BECA.
C’est donc, le lundi 8 novembre, lors d’un débat au parlement européen sur le rapport concernant la lutte contre le cancer, que la vape s’est retrouvée dans la discussion entre parlementaires… Il s’agissait du deuxième et dernier examen des amendements avant un vote en commission, prévu le 6 décembre. Un thème récurrent tout au long de la réunion a été le besoin de compromis dans le traitement des amendements, en particulier dans le domaine de la prévention. La question des e-cigarettes et des arômes a occupé une place prépondérante, ce qui est inquiétant pour les vapoteurs.
Dans sa déclaration d’ouverture, le président de la BECA, Bartosz Arłukowicz, a souligné que les e-cigarettes étaient “plus controversées”.
C’est un euphémisme, car les approches suggérées pour le vapotage allaient de : l’interdiction totale des arômes – à un soutien timide au vapotage – au rôle important que jouent les arômes dans le sevrage tabagique.
Le député européen et rapporteur Peter Liese a ensuite pris la parole, réitérant ses déclarations précédentes selon lesquelles le vapotage est beaucoup moins nocif que le tabagisme et que les arômes aident les adultes à arrêter de fumer. Il était donc inquiétant de l’entendre dire que des arômes tels que le bubble-gum sont “clairement attrayants pour les enfants” et devraient être interdits.
Un autre point inquiétant a été la mention d’une récente visite au siège de l’OMS par un certain nombre de membres de BECA, alimentant certains préjugés. L’eurodéputée espagnole, Estrella Durá Ferrandis, a déclaré ainsi que cette visite avait confirmé ce qu’ils attendaient à savoir : « que le vapotage était un complot de l’industrie pour attirer les enfants. »
C’est arguments ne sont pas rappeler les allégations de l’OMS publiée en 2021, tel que nous pouvons les lire sur son site : « Les inhalateurs électroniques de nicotine et les inhalateurs ne contenant pas de nicotine, appelés couramment cigarettes électroniques… ne contiennent pas de tabac, mais sont nocives pour la santé et présentent des risques. Il est cependant trop tôt pour avoir une idée claire de l’impact à long terme de l’utilisation de ces produits ou de l’exposition à ces produits. Les cigarettes électroniques sont particulièrement dangereuses quand elles sont utilisées par les enfants et les adolescents. L’utilisation d’inhalateurs électroniques de nicotine augmente le risque de maladie cardiaque et pulmonaire. Elle présente aussi un risque important pour les femmes enceintes, car elle peut nuire à la croissance du fœtus. »
John F. Ryan, ( DG Santé, département santé publique), a ajouté que le vapotage n’aidait pas les adultes à arrêter de fumer et a orienté les députés vers l’avis final de SCHEER. Rapport qui présente de graves lacunes (voir l’article de l’ETHRA sur le rapport SCHEER). Il a poursuivi en suggérant que les produits de vapotage devraient être médicalisés.
Il est intéressant de noter que la conclusion de SCHEER sur la cigarette électronique pour le sevrage tabagique est en contradiction directe avec les données officielles de l’UE dans l’Eurobaromètre, qui a constaté une augmentation considérable du pourcentage de fumeurs qui ont complètement arrêté de fumer grâce à elle.
La rapporteuse Véronique Trillet-Lenoir (LREM, France) a été la voix de la raison. Sur la question du risque, elle a souligné à juste titre que l’élimination du risque est un point de vue idéologique qui ne repose pas sur la réalité. Ce qu’il faut, a dit Mme Trillet-Lenoir, c’est une approche progressive et avant-gardiste qui reconnaît les avantages de la réduction des risques. S’adressant directement aux commentaires de M. Ryan, elle a déclaré que si les produits de vapotage ne sont pas efficaces à 100% pour le sevrage tabagique, ceux-ci sont des produits de réduction des risques. Cependant, Mme Trillet-Lenoir a également souligné la nécessité de trouver un compromis pour s’assurer que les produits de vapotage ne soient pas attrayants pour les enfants.
Le « compromis » était donc, le maître mot, lors de cette réunion de la BECA.
(Sources : ETHRA – BECA draft report: second consideration of amendments publié le 11novenbre 2021)
La vape répond aux députés européens de la commission de la lutte contre le cancer.
L’AIDUCE fut la première à réagir sur compte FB.
« Encore, après 10 ans et des preuves, de fausses controverses alimentent le débat, et là des plus sérieux puisque concernant la réduction des cancers. »
« Le vapotage permet d’arrêter de fumer, c’est un fait acquis avec des preuves scientifiques par dizaines d’études cliniques et en population, le fait qu’il soit plus utilisé et plus efficace que d’autres options d’aide promues est aussi largement démontré, ce sont les deux piliers de l’EBM (médecine fondée sur les preuves) comme le rappelait il y a des années un des spécialistes lors du groupe de travail vapotage au Ministère de la Santé. »
« Le vapotage n’est pas promu pour les “enfants” (qui ne l’utilisent pas, encore une controverse inventée, des adolescents éventuellement, les mêmes qui sont intéressés par les clopes, s’y intéressent, car c’est un produit alternatif, tant mieux s’ils prennent dès le départ une porte de sortie. » … « Aucun acteur commercial ne vise 1% du marché quand il a encore plus de 10 millions de fumeurs à convaincre. Déjà 2 millions ont arrêté en étant vapoteurs, la moitié ayant aussi arrêté de vapoter, comme quoi ce n’est même pas un produit si “accrocheur” pour les gens… »
« Et on cite encore l’OMS (aucune preuve produite dans un rapport acheté par un idéologue) ou le Scheer (les gens qui “oublient” des publications majeures comme celles de Santé Publique France, l’OFDT, l’Inserm ou l’Institut Pasteur, mais trouvent des “preuves” de maux de la vape dans une étude de 2009 sur des fumeurs). »
« Est-ce bien encore le plan cancer Européen ou le plan de l’industrie du cancer ? »
L’AIDUCE et SOVAPE d’un commun accord, face à ces nouvelles attaques contre la cigarette électronique, dans un communiqué paru le 15 novembre et co-signé par ces deux associations, elles font part de leurs inquiétudes sur les effets négatifs que pourrait avoir une interdiction des arômes pour le vapotage.
L’AIDUCE représente les consommateurs, elle est notamment partie prenante de la normalisation des produits au sein de l’AFNOR.
SOVAPE est engagée en faveur de la réduction des risques face au tabagisme et organise le Sommet de la Vape. Ces deux associations sont indépendantes et particulièrement de l’industrie du tabac.
Ce communiqué rappelle que :
– « Les produits du vapotage présentent un risque de cancer extrêmement faible et constituent une porte de sortie du tabagisme supplémentaire. »
– « La vente aux mineurs est interdite dans les États membres. »
– « En France, le tabagisme des jeunes baisse depuis 10 ans. »
– « Plus des deux tiers des vapoteurs européens n’utilisent pas d’arôme tabac. »
Et de conclure : « Nous estimons que des interdictions d’arômes de vape excèdent le domaine du Plan Cancer et auraient des conséquences indésirables de santé publique. Elles entraveraient violemment la sortie et le maintien hors du tabagisme de ceux qui optent pour le vapotage. »
Petit rappel :
Près de 30% des Européens fument. Ce qui en fait le facteur de risque de mortalité évitable le plus élevé. Le tabac est responsable de 16% des décès des plus de 30 ans en Europe.
D’après le dernier Eurobaromètre (2020), la France est toujours au-dessus de la moyenne européenne et demeure le premier consommateur de tabac parmi les pays d’Europe de l’Ouest.
La proportion de vapoteurs quant à elle est stable depuis 2019 : environ 5% selon la dernière enquête de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
Les décideurs politiques doivent comprendre que la suppression des arômes dans les E-liquides n’est pas un compromis. Cela impliquerait en réalité, la suppression de produits qui ont aidé des millions de citoyens à arrêter de fumer. Si cela était le cas, nous aurions à faire à un plan cancer qui augmente le tabagisme et les cancers liés au tabagisme. Mme Trillet-Lenoir a le mérite d’argumenter logiquement et rationnellement pour la reconnaissance de la réduction des risques.
Nous ne pouvons qu’espérer que le bon sens triomphe lors du vote final en commission le 6 décembre. Dans le cas contraire, les aspirations de BECA à #BeatCancer seront un échec.
Pour ces raisons, il ne faut pas relâcher la mobilisation pour la défense de la vape et continuer à faire pression sur les décideurs. #JESUISVAPOTEUR