Une fois n’est pas coutume, le Royaume-Uni innove dès lors qu’il s’agit de lutter contre le tabagisme. Ses dernières actions : distribuer des vapoteuses aux fumeurs et inciter financièrement les femmes enceintes à se sevrer… Décryptage d’un programme sans précédent.
Etat des lieux du tabagisme au Royaume-Uni
En 2021, la Grande Bretagne comptait 13% de fumeurs, le taux le plus bas jamais enregistré dans le pays. Et ce, grâce à des mesures telles que le doublement des droits sur les cigarettes depuis 2010 et le financement continu des services locaux d’arrêt du tabac. Des chiffres certes encourageants, mais qui ne permettent pas, pour autant, au gouvernement d’oublier que 5,4 millions de personnes fument toujours. Ni qu’un décès sur quatre suite à un cancer est lié au tabagisme…
Ainsi, entre 2021 et 2022, l’état a attribué 68 millions de livres sterling aux autorités locales gérant les services d’arrêt du tabac, permettant à près de 100 000 personnes d’arrêter de fumer.
35 millions de livres sterling ont aussi été engagés dans le NHS, le National Health Service, le système de santé publique du pays. Le but : offrir un traitement tabagique à tous les fumeurs admis à l’hôpital.
Objectif : un taux de tabagisme à 5% ou moins d’ici 2030
L’année dernière, le Dr Javed Khan avait proposé une série de mesures visant à éliminer la dépendance au tabac. Le ministère de la santé n’a pas retenu l’idée du docteur d’augmenter chaque année l’âge minimum d’un an, « jusqu’à ce que plus personne ne puisse acheter un produit de tabac dans ce pays », préférant se concentrer sur les manières « d’aider les gens à arrêter de fumer plutôt que d’imposer de nouvelles interdictions ». Ont néanmoins été suivies les recommandations du rapport Khan concernant le vapotage et la mise à disposition d’aides aux fumeurs.
Tout cela afin de permettre au gouvernement anglais d’atteindre son objectif : un taux de tabagisme à 5%, ou moins, d’ici 2030.
Le nouveau programme du Royaume-Uni : échanger sa cigarette contre une vapoteuse !
« Swap to stop », “échanger pour arrêter”. Tel est le nom du programme national présenté par Neil O’Brien, le ministre de la Santé.
L’une des mesures phares de ce programme, annoncée par le ministre : « Près d’un fumeur sur cinq en Angleterre recevra un kit de démarrage de vape ainsi qu’un soutien comportemental pour les aider à arrêter de fumer ».
Une décision que l’on ne peut que saluer. D’autant que ce n’est pas la première fois que le Royaume-Uni offre des cigarettes électroniques. En 2021 déjà, le pays en avait distribué à des patients atteints de troubles mentaux, une population particulièrement vulnérable au tabagisme, ainsi qu’aux sans-abri.
Priorité aux femmes enceintes
Neil O’Brien a aussi annoncé une mesure ciblant les femmes enceintes. Il s’agit de les inciter financièrement à arrêter de fumer, via des bons pouvant aller jusqu’à 400 £ (450 €), tout en leur offrant un soutien psychologique. En effet, selon le ministère de la Santé, des essais locaux ont indiqué que des incitations financières associées à un soutien comportemental peuvent aider, de manière significative, les futures mamans à arrêter le tabac.
La communication au cœur du projet
Outre l’opération Swap to Stop, le gouvernement prévoit également l’obligation pour les cigarettiers d’introduire dans les paquets des inserts d’information concernant la réduction des risques et les moyens de se sevrer. Si les détails de ce projet ne sont pas encore établis, le message que souhaite diffuser le gouvernement est simple : les fumeurs ont tout à gagner à se sevrer. Pour preuves, en arrêtant de fumer pendant un an, le risque de crise cardiaque est réduit de moitié. Et une grossesse sans tabac réduit le risque de fausses-couches, de bébés mort-nés, avec un poids insuffisant ou souffrant de problèmes de santé nécessitant des soins néonatals et continus…
Sans compter que la baisse du tabagisme réduit aussi le nombre de maladies liées à la cigarette exigeant une prise en charge…Et donc la pression mise sur le NHS, ce qui est aussi une volonté du gouvernement.
Royaume-Uni : Entre prévention et répression
En réponse aux chiffres du NHS, qui soulignent que 9% des enfants âgés de 11 à 15 ans utilisaient des cigarettes électroniques en 2021 contre 6% en 2018, le ministre O’Brien a annoncé la création d’une « brigade de lutte contre la vape illicite ». Dotée d’un fond de trois millions de livres sterling, la brigade travaillera donc à empêcher l’accès des mineurs au vapotage, tout en luttant contre les vapes illicites.
Aide médicamenteuse
Le ministère de la santé souhaite aussi assurer l’approvisionnement dans le pays des médicaments aidant à l’arrêt tabagique. Notamment, la Varénicline, dont Pfizer a bloqué la distribution sous sa marque Champix, mais aussi la cytisine. « Plus de la moitié de tous les fumeurs en Angleterre, soit trois millions de personnes, veulent arrêter de fumer. Un million de ces personnes veulent arrêter de fumer dans les trois prochains mois. Mais le tabagisme crée une forte dépendance. Nous savons que 95 % des tentatives d’arrêt non soutenues rechutent dans l’année… Nous allons donc faire davantage pour aider ces gens à cesser de fumer », explique le ministre.
Fort du succès du programme pilote mis en application en 2018 à Salford, qui avait permis à plus de 60 % des participants de se sevrer après quatre semaines, l’opération Swap to Stop est une première mondiale à l’échelle d’un pays ! JeSuisVapoteur lui souhaite d’atteindre ses deux objectifs ; dissuader les enfants et les non-fumeurs de se mettre au vapotage et promouvoir la cigarette électronique comme outil de sevrage tabagique. Et évidemment de montrer l’exemple…
