Publiée dans la revue médicale Circulation de l’American Heart Association (AHA), une nouvelle étude, E-cigarette Use and Risk of Cardiovascular Disease : A Longitudinal Analysis of the PATH Stud, s’est attachée à examiner la relation entre risques cardiovasculaires, tabac et vapotage. Décryptage.
Les données de l’étude sur les risques cardiovasculaires
Aux commandes de cette étude, huit chercheurs ont étudié les risques cardiovasculaires connus pour une population de 24000 participants. Parmi eux, 50 % étaient âgés de 35 ans ou moins et 51 % étaient des femmes. Le panel a déclaré ses habitudes entre 2013 et 2019 concernant le tabagisme, le vapotage, ou sa consommation simultanée avant d’être dispatchés en quatre groupes : Les fumeurs, regroupant toute personne ayant fumé plus de 100 cigarettes dans leur vie et fumant au moment de l’étude, les vapoteurs, autrement dit les consommateurs exclusifs de cigarettes électroniques, les doubles utilisateurs, c’est-à-dire les consommateurs de vape et de tabac, et le dernier groupe, ni fumeur, ni vapoteur.
Afin d’étudier les conséquences potentielles, pour la santé, du tabagisme et de la vape, l’étude explique considérer comme une maladie cardiovasculaire tout diagnostic autodéclaré de crise cardiaque, de pontage, d’insuffisance cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral au cours de l’année passée. Ont ainsi été révélés au total plus de 1 480 cas de maladies cardiovasculaires et plus de 500 cas de crises cardiaques, d’insuffisances cardiaques ou d’accidents vasculaires.
Réduction des risques cardiovasculaires chez les vapoteurs
« Les participants utilisant exclusivement des e-cigarettes présentaient un risque de développer n’importe quelle maladie cardiovasculaire qui ne différait pas de celui des non-utilisateurs”. Voilà qui est dit. On constate en effet une réduction des risques de 30 à 40 % en faveur de la vape par rapport au tabac. Membres de l’AHA, association pourtant loin d’être pro vape, les auteurs concluent : « Nous n’avons pas trouvé de différence significative dans le risque cardiovasculaire de l’utilisation exclusive d’e-cigarettes par rapport à la non-utilisation de cigarettes et d’e-cigarettes, bien que les analyses aient été limitées par un petit nombre d’événements de maladies cardiovasculaires chez les utilisateurs d’e-cigarettes ». Les vapoteurs ne présentent donc pas plus de risques de développer une maladie cardiovasculaire que les non-fumeurs et les non-vapoteurs… Et ce n’est pas tout : On note de même que le groupe des fumeurs a déclaré 569 maladies cardiovasculaires, contre 41 pour le groupe des vapoteurs, soit une diminution de 92,8%. On relève de même 242 crises cardiaques pour les fumeurs contre 15 chez les vapoteurs, soit -93,9%). Des chiffres qui démontrent clairement la réduction des risques offerte par la cigarette électronique par rapport au tabagisme. Sans compter que les scientifiques ne se sont pas penchés ici sur le passé tabagique des vapoteurs, qui pourrait être la cause des maladies déclarées.
Les cas des fumeurs vapoteurs
L’étude souligne cependant que les personnes mariant vape et tabac ne réduisent pas les risques de maladie cardiovasculaire par rapport aux personnes qui fument exclusivement du tabac. Selon Andrew Stokes, un des scientifiques à l’initiative de l’étude, « de nombreux fumeurs qui tentent d’utiliser des cigarettes électroniques pour arrêter de fumer des cigarettes traditionnelles continuent en fait à utiliser les deux produits, devenant des utilisateurs doubles, où nous n’avons constaté aucune réduction du risque cardiovasculaire ». Cette constatation est certes dommageable, d’autant, on le sait bien, qu’équipé d’un modèle de vapoteuse et du taux de nicotine adéquats, se sevrer du tabac est loin d’être impossible. Si on ne peut que déplorer que certains, qui ne débutent pas la vape dans les règles de l’art, peinent ensuite à quitter le tabac, cela représente cependant une minorité des cas.
Le tabac évidemment mis à mal
On s’en doute, le tabac est la cause de nombreux effets néfastes sur la santé du cœur et des artères. “Les vaisseaux enregistrent une diminution de leur capacité à se dilater normalement. Il peut même arriver que le spasme, en particulier au niveau des artères coronaires, soit total, entraînant une occlusion complète de l’artère“, explique la Fédération de Cardiologie, qui ajoute que “fumer influe sur la coagulation du sang, favorisant, entre autres, la formation de caillots et donc le déclenchement potentiel d’un infarctus, d’une phlébite ou d’un accident vasculaire cérébral.” N’oublions pas, qu’en France, 25% des décès liés au tabagisme ont des causes cardiovasculaires.