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USA : le vapotage a permis une baisse historique du tabagisme dans le pays

Aux USA, la diminution du tabagisme coïncide avec l’augmentation du vapotage, rapportent les auteurs d’une étude publiée le 18 juillet 2024.

Une étude comparative du vapotage et du tabagisme aux USA

Jeudi 18 juillet 2024, une étude portant sur l’analyse des taux de vapotage et de tabagisme aux USA est parue dans la revue médicale en ligne Harm Reduction Journal ¹.

Quatre co-auteurs sont à l’origine de cette publication. Tous sont scientifiques et analystes de données chez Pinney Associates, un cabinet de recherches et de conseils en soins de santé.

L’hypothèse qui les a conduits à mener une telle enquête :

“Si les adultes américains qui fument des cigarettes passent aux cigarettes électroniques, l’effet pourrait être observable au niveau de la population : la prévalence du tabagisme devrait diminuer à mesure que la prévalence du vapotage augmente, en particulier dans les sous-populations les plus utilisatrices de cigarettes électroniques” – extrait de l’étude.



Méthodologie de l’enquête


Pour le vérifier, les chercheurs se sont appuyés sur les données officielles du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Et plus précisément sur celles dérivées du sondage américain “National Health Interview Survey (NHIS)” sur la consommation de produits du tabac aux États-Unis.

S’agissant d’une enquête menée chaque année, depuis 1990, auprès d’un échantillon représentatif de la population, les auteurs se sont ainsi assurés une bonne vue d’ensemble. En outre, ils ont pu retracer en détail les effets du vapotage sur le tabagisme, depuis l’émergence de la cigarette électronique et sa démocratisation, jusqu’à aujourd’hui.


Présentation de l’échantillon


En moyenne, pour toutes les années, le sondage du NHIS a regroupé 959 353 répondants.

  • 31,5 % âgés de 18 à 34 ans ;
  • 36,4 % âgés de 35 à 54 ans ;
  • et 32,1 % âgés de 55 ans et plus.

Parmi eux, on compte :

  • 19,7 % de fumeurs ;
  • 22,5 % d’anciens fumeurs ;
  • 3,9 % de vapoteurs ;
  • et 12 % d’anciens vapoteurs.

Un résultat sans appel : le vapotage est une solution au tabagisme

Afin d’étudier les effets du vapotage sur le tabagisme aux USA, les auteurs sont partis de deux points de repère historiques. D’après les données de l’enquête NHIS, ils ont daté :

  1. L’arrivée de la cigarette électronique à 2007 ;
  2. La démocratisation du vapotage à 2010.

Deux années marquantes, particulièrement la deuxième, puisque c’est bien à partir d’elles que les taux de tabagisme ont chuté drastiquement.


La période 1990-2006 : sans le vapotage, le tabagisme était roi


Avant l’arrivée de la vape aux USA, la prévalence tabagique chez les adultes n’est jamais passée en dessous de la barre des 20 %.

En 1992, la consommation de tabac atteignait même son pic, avec :

  • 29 % de fumeurs chez les 18-34 ans ;
  • 30 % chez les 35-54 ans ;
  • et 18 % chez les 55 ans et plus.

Dix ans plus tard, en 2002, elle en était toujours à plus de 26 % chez les 18-54 ans et à à peine moins de 15 % chez les 55 ans et plus.


La période 2007-2022 : avec le vapotage, le tabagisme a décliné à vue d’œil


Après la période 1990-2006, le tabagisme a connu un déclin accéléré chez tous les adultes, particulièrement chez les plus jeunes (18-34 ans).

Alors que la prévalence tabagique des 18-34 ans a diminué timidement en 17 ans, passant de 28 % en 1990 à 24 % seulement en 2007, elle a complètement chuté avec l’apparition de la e-cigarette.

En effet, de 24 % de fumeurs, les 18-34 ans sont passés à moins de 15 %. Soit presque deux fois moins, en l’espace de 10 ans seulement !

Impossible de ne pas y voir une relation causale : parallèlement, le vapotage n’a fait qu’augmenter au sein de cette population, jusqu’à doubler. De 5 % en 2014, il est passé à plus de 8 % en 2022 !


La période 2007-2022… si le vapotage n’avait jamais existé


Pour confirmer leurs observations, les quatre chercheurs sont allés encore plus loin.

D’après la tendance calculée sur la période 1990-2006, ils ont estimé celle qu’aurait connue la période 2007-2022 si le vapotage n’avait jamais existé… Et cette dernière montre une tout autre vision de ce qu’aurait pu être le tabagisme aux USA à l’heure actuelle.

Sans le vapotage, le tabagisme aurait continué à diminuer lentement, d’un point environ tous les quatre ans.

D’un peu moins de 20 % de prévalence tabagique en 2010, le pays serait passé à :

  • 19 % en 2014 ;
  • 18 % en 2018 ;
  • pour enfin atteindre un petit 17 % en 2022.

Or, grâce au vapotage, le tabagisme a décliné bien plus rapidement, de deux points environ tous les deux ans.

D’un peu moins de 20 % de prévalence tabagique en 2010, le pays a en réalité atteint :

  • 17 % dès 2014 ;
  • 15 % dès 2016 ;
  • 13 % dès 2018 ;
  • et même 11 % en 2022 !

Trois enseignements à retenir

En définitive, l’étude de Floe Foxon et al. nous invite à retenir trois grands enseignements du cas américain :

  • Les politiques antitabac ont bien entendu un effet bénéfique sur la diminution du tabagisme, mais il est limité.

Les produits de substitution et autres alternatives nicotinées, quant à eux, offrent de meilleurs résultats, et plus rapidement. Le cas suédois est notamment là pour nous en apporter la preuve : la réduction des risques est une stratégie qui marche.

  • L’effet passerelle est bien un mythe.

Comme le notent les auteurs :

“Si le vapotage agit comme une “porte d’entrée” vers le tabagisme, alors, au niveau de la population, une prévalence accrue de l’usage de la cigarette électronique coïnciderait avec une prévalence accrue du tabagisme […] Or, aucune preuve de l’effet “passerelle” n’a été détectée dans les études au niveau de la population. La prévalence du tabagisme reste à son plus bas niveau parmi les adolescents américains et les jeunes adultes, malgré l’augmentation du vapotage” – extrait de l’étude.

Une étude antérieure, menée par deux chercheuses américaines, était d’ailleurs déjà arrivée à ce même constat.

  • Le vapotage est un outil à préserver.

Tel qu’en concluent les auteurs :

“Les données représentatives à l’échelle nationale sur la consommation de produits du tabac par les adultes américains continuent de soutenir l’existence d’une association entre la prévalence croissante de l’usage de la cigarette électronique et la prévalence décroissante du tabagisme, c’est-à-dire une substitution possible entre les cigarettes et les cigarettes électroniques” – extrait de l’étude.

Autrement dit, le vapotage est précisément la raison pour laquelle les États-Unis connaissent une diminution historique du tabagisme à l’heure actuelle.

C’est pourquoi cet outil, et tout ce qui le caractérise, doit être encadré avec prudence. Les arômes, par exemple, jouent un rôle essentiel dans la démarche et la motivation de l’utilisateur à s’éloigner durablement de la cigarette.

Autoriser uniquement les saveurs tabac ou menthe n’a que des incidences négatives, comme ont déjà alerté plusieurs chercheurs en 2023. Sans une multiplicité de produits et de goûts disponible, les vapoteurs (re)prennent de mauvaises habitudes : ils fument. Et les taux de tabagisme repartent en flèche !


¹ Foxon, F., Selya, A., Gitchell, J. et al. Increased e-cigarette use prevalence is associated with decreased smoking prevalence among US adults. Harm Reduct J 21, 136 (2024). https://doi.org/10.1186/s12954-024-01056-0

 

Mis à jour le 26.07.2024
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